La Bulgarie aux JO de Pékin 2008
par Daniel Milev


La renaissance d'une ancienne puissance

Le volley est un jeu inventé aux Etats-Unis en 1895 par un éducateur physique - William G. Morgan (1870-1942), qui voulait faire maintenir la forme à ses sportifs pendant l'hiver. Le jeu s'est vite propagé, d'abord dans son pays d'origine où l'on commença bientôt à organiser des championnats. La ferveur du volley s'est propagée en Europe également. En Bulgarie, on a commencé à le pratiquer dès 1922 et le premier Championnat National fut organisé en 1942. Depuis l'organisation des premiers championnats continentaux et intercontinentaux, l'équipe de volley bulgare a gagné de nombreuses places prestigieuses et des médailles de bronze(au premier Championnat Mondial à Prague en 1949, à Moscou en 1952, à Paris en 1986) et une médaille d'argent au Championnat Mondial à Sofia en 1970. Aux Champoionnats Européens la Bulgarie a fini 9 fois parmi les six premiers et 4 fois parmis les médaillés : une médaille d'argent à Paris en 1951 et trois de bronze en 1955 à Bucarest, en 1981 à Varna et en 1983 à Berlin. Lors de la 53e session du CIO(Comité International Olympique) à Sofia - Bulgarie, en 1957, un tournoi démonstratif visant à promouvoir le volley comme sport olympique se tient. Le tournoi se révèle un succès et la décision d'inclure le volley dans les jeux Olympiques dès 1964 est prise. La prestation bulgare aux Jeux Olympiques est en dent de scie. Si la Bulgarie a participé aux trois premières éditions entre 1964 et 1972 finissant entre la 4e et la 6e place, depuis lors elle alterne régulièrement une participation et une non participation jusqu'en 2004 lorsqu'elle n'est pas présente pour la deuxième fois consécutive à cette compétition. Cette période alternante a été marquée par une médaille d'argent à Moscou en 1980 ainsi que par une 6e et une 7e place respectivement en 1988 et 1996. Seule la médaille d'or à toujours échappé à cette équipe. Mais les Bulgares ont contribué au développement de ce sport dans d'autres pays également, par le biais de certains de ses entraîneurs et joueurs (en Italie - triple champion du monde, et au Cuba notamment).

Depuis 1998, le pays connaît de grandes difficultés sur la scène internationale et finit même par être sorti de la Ligue Mondiale, ne se qualifie plus pour les JO et s'effondre au classement mondial de la FIVB(Fédération Internationale de Volleyball). Après 1989, les années de "transition" entre l'époque du communisme et la nouvelle époque - celle du capitalisme, font leurs ravages sur le sport national bulgare et le volley n'y échappe pas. L'Etat n'investit plus dans le sport, les salles sont dans un état pitoyable, non chauffées en hiver, on n'en construit pas de nouvelles etc. La vie se durcit et les jeunes familles quittent massivement le pays. Sur une population de près de 9 millions d'habitants, un million partent vivre à l'étranger, parfois même avec toute leur famille. Les entraîneurs et les joueurs cherchent une meilleure réalisation que dans leur pays d'origine où les gens sont dégoûtés et se sentent comme des étrangers dans leur propre pays, opprimés par un pouvoir en place qui a fusionné avec le crime organisé. Ce sont des années difficiles pour le volley et pour le sport bulgare en général. Seule exception dans les sports collectifs en tout début de ces années de chaos fait le foot où les Bulgares se qualifient in extrémis pour la Coupe du Monde aux Etats-Unis en 1994 à la place de la France après, on le sait, une victoire de 2-1 aux Parc des Princes en novembre 1993 à la dernière minute du match ne laissant aucune chance aux Français de revenir au score pour qui un nul aurait suffit pour se qualifier. Les Bulgares avaient fini à la 4e place du Mondial à l'époque - médaillés de bronze, ce qui a servit de motivation principale à de nombreux autres pays balkaniques pour se lancer à la poursuite d'un titre mondial ou européen par la suite.

Ligue Mondiale 2003

Brésil-Bulgarie, le 8 juillet 2003
Au début des années 2000 et après avoir traversé une crise économique sans précédent dans son histoire, mais qui a ses raisons logiques que nous n'expliquerons pas dans cet article, le pays commence à se relever et les résultats ne tardent pas. Se sont d'abord des jeunes d'une génération qui n'a pas vraiment connu le communisme et dont l'optimisme facilement enflammée apporta le premier signe du printemps dans le volley bulgare. Une génération par ailleurs extrêmement talentueuse qui s'est offert la médaille de bronze aux Championnat du Monde Junior pour les moins de 21 ans à Téheran(2003) en ratant de peu la participation en finale qu'elle aurait probablement remportée. La direction de la fédération bulgare de volley emmenée par l'ingénieur Dancho Lazarov a de la suite dans les idées. Il y a un énorme potentiel à réaliser, les Jeux Olympiques d'Athènes approchent et l'on se doit de tenter le coup. Premier objectif, faire entrer l'équipe bulgare à nouveau dans la Ligue Mondiale pour expérimenter et construire une nouvelle équipe associant les jeunes aux anciens. La Ligue Mondiale est une compétition annuelle internationale dotée d'un prix très important - actuellement celui-ci s'élève à 20 millions de dollars. La somme est assurée par les droits de transmission, la publicité et les tickets de vente. Cette compétition réunit 16 des meilleures équipes du monde, dont seulement 6 sont sélectionnées après un affrontement en 4 poules pour la phase finale. Une équipe qui assure l'hospitalité, les trois premières de chaque poule et la première de la poule du pays organisateur, sauf dans le cas où ce dernier finit en tête, on prends alors la deuxième du classement. A ces 5 équipes s'ajoute un invité(wild-card) de la FIVB. Le format de la compétition n'a pas toujours été celui-ci, notamment en 2003 lorsque la Bulgarie présente sa demande de participation à la FIVB appuyée par le Président de la République et avec des garanties de la Télévision Nationale de retransmission pour être réintégrée à cet évènement très médiatique. La Chine qui doit faire face à une épidémie de SRAS la même année accepte de céder sa place à la Bulgarie qui fait ainsi de nouveau son entrée dans l'élite du volley mondial. Comme les ambitions sont grandes, que le temps presse et que le sport bulgare est toujours en crise, on fait appel à un spécialiste étranger - le Serbe Milorad Kiats. Ses impressions sur les Bulgares relatées par la presse sont d'ailleurs très intéressantes puisqu'il a entraîné également le Levski Siconco - une équipe de la capitale Sofia qui a gagné plusieurs fois le titre de champion de Bulgarie. Selon lui les Bulgares ont des problèmes avec la discipline et sont difficiles à gérer, ils ne semblent pas trop aimer les sports collectifs, car ils ont des difficultés à travailler ensemble. Les Bulgares sont donc de très forts individualistes ce qui les amène à développer de très grandes qualités personnelles. Le revers de la médaille c'est qu'ils ont des problèmes à travailler en équipe, chose impensable dans ce sport, sauf que si jamais ils réussissaient à y parvenir, ils deviennent alors terriblement forts, et pratiquement imbattables. Malgré tout, Milorad Kiats réussi à qualifier la Bulgarie pour la phase finale de la Ligue Mondiale en 2003 à Madrid où s'affrontent 8 équipes selon le format de cette année. Les Bulgares perdent les matchs face au Brésil et l'Italie et terminent 5èmes en réussissant l'exploit contre la Russie - détenteur du titre de l'année précédente. C'est le Brésil qui remporte la finale face à la Serbie-Monténégro.

Pour la petite histoire, la Bulgarie occupera immanquablement la 4ème et la 5ème place alternativement de cette compétition dorénavant en respectant le principe qu'elle a réintégré ce forum prestigieux un peu par la chance et la bonne volonté du Président de la FIVB à cette époque et jusqu'en 2008 - le docteur mexicain Ruben Accosta. En même temps, le Brésil gagnera à chaque fois la médaille d'or pendant cette période. En 2008, cependant, la Bulgarie ne se qualifie pas pour la phase finale et finit 7ème, pour des raisons que nous allons tenter d'expliquer, et le Brésil n'arrive pas non plus à se qualifier pour la finale qu'il gagnait jusqu'alors sans faille en se retrouvant de surcroît à la 4ème place alors qu'il est pays organisateur. C'est la première fois où le Brésil se retrouve hors du podium en 10 ans.

La participation à la Ligue Mondiale apporte des points supplémentaires à la Bulgarie pour le classement mondial de la FIVB où elle marque une progression de la 20ème à la 15ème place. Cependant, la Bulgarie ne parvient pas à se qualifier pour les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Toutefois, elle reprend peu à peu confiance et cumule l'expérience.

Ligue Mondiale 2004

Bulgarie-France, le 6 juin 2004
L'échec à la qualification pour les JO d'Athènes ébranlera la position de l'entraîneur serbe et lors des matchs pour la Ligue Mondiale 2004, alors que la Bulgarie perd par 2-3 et gagne par 3-0 face à la France à domicile à Varna et échange une victoire et une défaite en Pologne, la Fédération Bulgare de Volley(FBV) démet Milorad Kiats de ses fonctions. L'entraîneur adjoint Alexandar Popov quitte également l'équipe par solidarité, malgré la proposition de la FBV qu'il reprenne la place vacante. Le statisticien et éclaireur de l'équipe Boyan Panteleev quitte aussi pour la même raison. Les joueurs ont préféré se montrer discrets sur cette affaire en déclarant qu'il revient à la Fédération de prendre ce genre de décisions, mais que ce n'était sans doute pas le moment le plus opportun pour le faire. Le nouvel entraîneur - Brunko Iliev, sera désigné à temps pour le match suivant face à la France à Paris. Les Bulgares s'imposent d'abord par une victoire nette 3-0. Lors de la conférence de presse après le match, le nouvel entraîneur bulgare déclare que sa nomination avait provoqué un enthousiasme au sein de l'équipe. L'entraîneur français Phillipe Blain, quant à lui, explique que l'épuisement cumulé à cause de l'emploi du temps bien chargé des semaines précédentes a provoqué la faiblesse de son équipe à tous les niveaux du jeu. Il note toutefois que ses hommes sont désireux de prendre leur revanche le lendemain et de donner au public de Nancy le spectacle qu'il mérite. C'est chose faite avec une victoire de 3-1. L'entraîneur bulgare déclare que son objectif était de gagner un des deux matchs et qu'il en était satisfait, l'objectif principal étant la qualification pour la finale de la Ligue Mondiale. A partir de ce moment, la lutte pour la première place du groupe aura lieu à distance entre la France et la Bulgarie. Et c'est cette dernière qui l'emportera grâce à un meilleur coefficient des sets, les deux pays étant à égalité de victoires. En effet, la Bulgarie a gagné tous ses matchs en perdant moins de sets que la France. Il est intéressant de noter que l'entraîneur japonais Ueta Tatsuya, après les derniers matchs joués contre la Bulgarie, conclut que le but pour son équipe de jeunes joueurs est Pékin 2008. Le sort fera que les deux équipes seront opposées au premier tour dans le groupe A, avec le pays organisateur - la Chine.

Mais comment les Bulgares se sont-ils qualifiés ? C'est la première fois que l'équipe de volley bulgare ne se qualifie pas à deux éditions consécutives des JO - en 2000 à Sydney et en 2004 à Athènes. Cette fois-ci, on a le temps - quatre années pour franchir toutes les étapes en marches d'escalier. Pour ce faire on mise sur une progression lente et sûre. On a attendu longtemps, près de vingt ans en effet depuis 1986, pour décrocher une médaille, on pourra patienter encore un peu en se mesurant à l'élite dans le Championnat du monde en 2006 et tenter de se qualifier pour les JO en 2008.

Le format en finale de la Ligue Mondiale en 2004 est de quatre équipes seulement. Le Brésil - détenteur du titre de l'année précédente, l'Italie, la Serbie-Monténégro et la Bulgarie. Les Bulgares perdent tous les matchs et finissent donc à la 4ème place, mais ils se consoleront avec un peu plus de 900 000 dollars en poche et la reconnaissance des entraîneurs et joueurs adverses que la Bulgarie est une équipe très forte !

Ligue Mondiale 2005

Supportaires lors du match Bulgarie-Cuba, le 27 mai 2005
La Bulgarie ne se qualifie pas pour le Championnat d'Europe en 2005, mais se dote d'un nouvel entraîneur et pas n'importe lequel ! Martin Stoev est le fils de Stoyan Stoev - joueur de volley et entraîneur qui fut un des fondateurs de l'école italienne. Il a de nombreux titres dans sa carrière en tant que joueur que nous n'énumérerons pas ici, nous dirons simplement qu'elle se termine juste avant qu'il ne prenne le poste d'entraîneur national. Ses débuts en tant qu'entraîneur donc il les fait en 2005 lors de la première phase qualificative au Championnat du monde, qui doit se tenir en 2006 au Japon, sans aucune expérience préalable. La FBV(Fédération Bulgare de Volley) déclare avant le début de la Ligue Mondiale que le seul objectif posé à l'équipe nationale est une participation au Championnat du monde et qu'une qualification à la finale de la Ligue Mondiale ne dépend que de l'ambition des joueurs et leurs entraîneurs. Si l'équipe bulgare, désormais 13ème au classement de la FIVB, réussit à survoler la première phase qualificative pour le Championnat du monde en battant la Turquie, la Slovaquie et la Roumanie, tout ne se passe pas comme prévu dans un groupe très difficile de la Ligue Mondiale. Les Bulgares perdent leurs deux premiers matchs face au Cuba à Varna, devant leur public. Et avec la France et l'Italie dans la même poule, il y a de quoi se faire des soucis. Les joueurs se justifient par le stress qu'ils ne sont pas arrivés à surmonter. Le match suivant est face à la France à Nantes et il est très disputé. Après 2 heures de jeu les Français l'emportent au tie-break par 3-2. Phillipe Blain, l'entraîneur français, déclare sa satisfaction de la victoire et que son équipe est en train d'être renouvelée. Martin Stoev de son côté précise que l'objectif principal pour lui et son équipe cette année est la qualification pour le Championnat du monde au Japon en 2006. Le lendemain, la Bulgarie prend une victoire nette, malgré un premier set très accroché(24-26) après lequel la France renonce progressivement. Phillipe Blain déplore le service et la réception faibles de ses joueurs, en-dessous du niveau habituel pour son équipe. Le libéro français, Hubert Henno, déclare : "...nous n'avons pas de réponse à la puissance bulgare, spécialement à leur attaque." Martin Stoev annonce de son côté qu'ils prendront dorénavant tous leurs matchs les uns après les autres pour ne pas avoir la pression et rester concentrés.

Kaziyski enfonce le ballon pour une victoire de la Bulgarie face à l'Italie, le 10 juin 2005
Face à l'Italie, devant son public, ce fut une autre paire de manches. Dans cette équipe italienne, bourrée de talents, il y a deux joueur bulgares naturalisés Italiens - Ventsislav Simeonov et Hristo Zlatanov. Ils font partie d'une génération de sportifs chez lesquels le volley se transmet des parents à leur descendance et dont les familles ont quitté la Bulgarie à l'époque tumultueuse de la transition entre communisme et démocratie libérale au prix social dévastateur. Les deux joueurs avaient bien manifesté à une époque le désir de jouer pour la Bulgarie, néanmoins l'attitude de la Fédération Bulgare de Volley fut complètement à l'image de ce que l'Etat fit pour le sport en Bulgarie depuis le début de la Transition. Le premier match tourne à l'avantage des Bulgares suite à un deuxième set extrêmement disputé(29-31). Les Italiens s'en remettront difficilement d'ailleurs, car il perdent le troisième set par 25-10. Ils trouverons tout de même la ressource nécessaire pour recoler au score et envoyer le match dans le tie-break en mettant la pression sur les joueurs bulgares. Ces derniers l'emportent finalement par 3-2. Le surlendemain, ce sont les Italiens qui s'imposent par le même score. Pour l'entraîneur bulgare c'est le manque de précision au service dans le quatrième set qui pencha les balances. Gian Paolo Montali, quant à lui, pense que cette victoire était importante d'un point de vue psychologique pour son équipe et félicite les Bulgares pour avoir joué avec l'attitude d'une grande équipe.

Après une victoire par 3-1 et une défaite par 2-3 face au Cuba, la Bulgarie joue contre la France au Palais de la Culture et des Sports à Varna, en Bulgarie. Les choses semblent se répéter pour les Bulgares avec une victoire nette par 3-0 et une défaite par 2-3. Ce qui leur manque c'est la constance, arriver à gagner deux matchs de suite. Martin Stoev se plaint du manque d'esprit collectif et déclare qu'il faudra travailler encore pour améliorer le jeu et la cohésion. C'est la quatrième fois dans cette poule que les Bulgares perdent sur un score serré par 2 sets à 3. Les Français ne cachent pas leur satisfaction, mais se disent plutôt intéressés par la qualification mondiale qui suivra la Ligue Mondiale.

La France perd ses deux derniers matchs face au Cuba et la Bulgarie écrase l'Italie sans les Bulgares naturalisés dans son équipe dont Simeonov n'entre que dans le 4ème et dernier set du premier match perdu 3-1 et Zlatanov entre au troisième set du second match perdu 3-0, à cause du fait qu'on joue devant le public bulgare. Cela fait le jeu des Cubains qui sont de fait qualifiés pour la finale à 4 équipes de la Ligue Mondiale qui aura lieu à Belgrade, en Serbie, cette année. Pour les Bulgares il était important de gagner ces deux dernières rencontres tout en sachant qu'ils ne se qualifieront pas afin d'assurer la cohésion de leur groupe qui inclut des jeunes et d'anciens joueurs. C'est la première fois depuis le début de la Ligue Mondiale que cette équipe réussi à gagner deux matchs de suite et ce contre l'ancienne triple championne du monde en 1990, 1994 et 1998 avant que le Brésil ne s'empare de ce titre - l'Italie. La Bulgarie finit 2ème dans la poule devant l'Italie et la France et 5ème de cette compétition grâce aux points gagnés dans les matchs.

Qualification pour le Championnat Mondial en 2006

Le 19 août 2005, au Palais de la Culture et des Sports à Varna - Bulgarie, a lieu un tournoi permettant au vainqueur de se présenter au Tour Final du Championnat du monde 2006 au Japon. Dans ce double tournoi participent les hommes(Pays-Bas, Ukraine, Portugal, Bulgarie) et les femmes(Ukraine, Pologne, Bulgarie). Les hommes bulgares l'emportent un peu maladroitement face au Pays-Bas par 3-2 dans le premier match, tandis que les femmes s'imposent difficilement par le même score face à l'Ukraine sous le regard du Président du pays. Le second match au lendemain réussit bien à l'équipe bulgare masculine contre l'Ukraine également avec une victoire par 3-1. Le 21 août la Bulgarie assure son ticket pour le Tour Final du Championnat du monde 2006 au Japon en écartant le Portugal par une victoire nette de 3-0. Les femmes bulgares perdent dramatiquement face à la Pologne par 2-3.

Ainsi, la Bulgarie vient compléter un tableau de neuf équipes européennes qualifiées au Tour Final de la compétition. Les pays européens ont le plus de représentants, car ils sont considérés comme plus forts. Ils sont au nombre de neuf sur un total de 24 équipes des 5 continents. Les autres pays européens sont l'Italie, la Russie, la France, la Pologne, la Serbie-Monténégro, la Grèce, l'Allemagne et la République Tchèque.

En début 2006, l'entraîneur de l'équipe Bulgare - Martin Stoev, donne une interview après le tirage au sort qui répartit la Bulgarie dans le même groupe que l'Italie, les Etats-Unis, le Vénézuela, l'Iran et la République Tchèque. Selon lui, les Bulgares ont 50% de chances de passer le premier tour. Seul les quatre premières équipes continuent au second tour. Martin Stoev est donc plutôt prudent et réservé. Toutefois, ayant son anniversaire au 3 décembre, le jour auquel doit se tenir la finale, l'entraîneur bulgare déclare sans gêne aucune qu'il voudrait le célébrer et que l'objectif de son équipe sera en conséquence la finale.

Les qualifications pour le Championnat d'Europe ont lieu entre le 28 mai et le 1 juillet 2006. Deux victoires dfficilement arrachés à l'Allemagne par 3-2 et quatre autres face à la Roumanie et la Lettonie assurent aux Bulgares une place en phase finale du Championnat Européen en 2007 qui se tiendra en Russie.

Ligue Mondiale 2006

Que le désir d'atteindre le ballon est grand lors du match Bulgarie-Cuba, le 12 août 2006
C'est à partir de 2006 que le format de la Ligue Mondiale devient tel qu'il est aujourd'hui - à six équipes avec un pays organisateur, une wild-card et quatre qualifiés à la première place de leur poule. Toutefois, il y aura quelques réglages à faire dans le tableau de la phase finale. Le tournoi débute le 15 juillet 2006 et se termine le 19 août 2006. La Bulgarie se retrouve à nouveau avec le Cuba ainsi qu'avec la Corée du Sud et l'Egypte. Tandis que l'équipe bulgare ne rencontre aucune difficulté face aux deux derniers adversaires, le Cuba s'avère plus tenace. L'année précédente, il avait pu se qualifier au profit d'une lutte acharnée entre la France, l'Italie et la Bulgarie, sans pour autant avoir démérité, cependant les Bulgares gardent un arrière-goût de victoire qui leur a échappé. Après que les deux rivaux écrasent leurs adversaires respectifs en quatre matchs chacun, ils entrent dans le vif du sujet. Les Bulgares semblent avoir du mal à s'habituer à la chaleur et l'humidité de ce pays au départ et perdent par 3-1. Le lendemain, la Bulgarie inflige un 3-0 aux Cubains sans ménagement. Les deux équipes ne font pas dans le détail. Après le match, le capitaine de l'équipe bulgare Plamen Konstantinov explique pourquoi ils font un don : "...j'ai décidé de faire une donation au département de cancer des enfants à l'Hôpital d'oncologie de Havane. Ce sont des affections qui reviennent cher à l'Etat, comme tout est gratuit ici. Cet argent ne résoudra pas tous les problèmes, mais cela peut aider à soulager la peine et à encourager d'autres à faire de même."

Les matchs contre la Corée du Sud sont de protocole et le véritable clash a lieu à Varna face au Cuba. Les Bulgares semblent céder à la pression devant leur public dans les deux premiers sets perdus 22-25 et 27-29 respectivement. Dos au mur, ils réagissent vivement en balayant les Cubains dans les deux sets suivants par 25-13 et 25-15. La malchance leur fait perdre le match au tie-break 14-16. C'est pourtant une bonne opération pour les Bulgares. Selon le nouveau règlement dont l'entraîneur bulgare ne manque pas de se plaindre à la fin du match, à égalité de victoires, c'est l'équipe qui possède un meilleur quotient des points marqués et perdus qui sera mieux classée.
Que le ballon est difficile à jouer lorsque les Bulgares attaquent, Bulgarie-Cuba, le 12 août 2006
Or, les Bulgares améliorent considérablement ce quotient dans ce match puisqu'ils marquent au total 113 points contre seulement 98 pour leur adversaire. Certes, s'ils avaient gagné le tie-break ç'aurait été encore mieux. Le jour suivant, la Bulgarie doit absolument s'imposer et ce avec plus de dix points de différence pour garantir sa première place. Le jeu démarre très nerveusement et le premier set est gagné à 30-28. Dans le second la différence de points s'accentue 25-19, pour diminuer à 25-21 ce qui s'avère suffisant. Après la fin du match, Evguéni Ivanov annonce son retrait de l'équipe nationale après le Championnat du monde au Japon la même année, mais il ne cessera d'y revenir jusqu'aux JO de Pékin en 2008. Martin Stoev déclare que les deux équipes méritent de se qualifier et que la FIVB devrait accorder la wild-card au second de cette poule. Malgré cela, les Bulgares ne lâchent plus leur première place en s'assurant deux victoires confortables face à l'Egypte lors de la dernière semaine de la phase des poules. On peut avoir les Bulgares une fois, mais ce qui leur est dû leur revient toujours. D'autres en feront l'expérience à leur dépends. L'entraîneur bulgare affirme que son équipe abordera plus sereinement la phase finale de la Ligue Mondiale en révélant mieux ses qualités. Finalement la wild-card est accordée à l'Italie qui finit troisième dans la poule de la France et de la Russie, respectivement première et deuxième, or la finale aura lieu à Moscou, donc les Russes sont qualifiés d'office.

La Bulgarie fait une entrée de tonnerre à la finale de la Ligue Mondiale. La tornade bulgare emporte le Champion du monde en titre de 2002, vainqueur de la Coupe du monde en 2003, le champion Olympique en titre d'Athènes en 2004, le triple vainqueur des trois dernières éditions de la Ligue Mondiale et d'autres titres - le Brésil. Les poules de qualification de la Bulgarie et de la France pour la finale étaient autrement plus difficiles que celle du Brésil. Bernardo Resende ne s'y est pas trompé en déclarant avant le match : "La France, l'Italie et la Russie ont dû jouer dans une poule dure, comme ont fait la Bulgarie et le Cuba, ainsi que la Serbie-Monténégro. Ces équipes ont été éprouvées, mais comme nous avons joués dans un groupe relativement jeune et inexpérimenté, nous ne sommes pas sûrs de notre niveau." L'entraîneur bulgare se montre confiant, même s'il appelle l'équipe brésilienne la plus forte au monde. Il déclare que son équipe s'apprête à jouer 5 matchs en cinq jour d'affilée. Le tableau de la phase finale cette année est très mal choisi et les Bulgares en feront la démonstration parfaite. Chacun des six finalistes doit en effet jouer contre trois des cinq autres dans deux poules croisées éliminatoires dont les quatre meilleurs seront choisis pour jouer en demi-finale où l'on procède par élimination directe. Le cinquième match correspond donc, soit à la finale, soit à la petite finale pour la médaille de bronze. Les matchs ayant lieu tous les jour, on se doit de tenir à un rythme infernal vu le niveau élevé des équipes qui s'affrontent, d'où l'un des problèmes essentiels à ce tableau croisé de jeu. La Bulgarie s'attèle à la tâche avec enthousiasme et malgré l'effet de surprise du premier set face au Brésil qu'elle remporte par 25-17, le match s'avère bien plus difficile. Dans le second set, les deux équipes échangent plusieurs fois la tête aux points pour finir 25-23. Ensuite, les Bulgares s'imposent par 25-20 et ferment le match à 3-0. La différence ayant été en attaque où les Bulgares marquent 41 points contre 25 de leurs adversaires et en block avec 11 points contre 5 pour les Brésiliens. Ce qui signifie tout de même que le service exécuté par les Bulgares était particulièrement fort et a mis en difficulté la réception de la "seleçäo" pour pouvoir organiser la bloquade avec succès. Cela est confirmé par Bernardo Resende : "La Bulgarie nous a surmonté physiquement." Martin Stoev de son côté conclut : "C'est seulement le premier match et aucune équipe n'a montré son plein potentiel...Je suis sûr que le Brésil jouera mieux et que nous les rencontreront encore une fois dans le tournoi." Le Brésil jouera vraiment mieux et gagnera même ce tournoi, néanmoins, à partir de ce jour, il deviendra une sorte de tradition que la "seleçäo" perde le premier match de presque chaque tournoi auquel elle participera. Quant aux Bulgares, pour jouer à nouveau contre le Brésil, il leur fallait arriver en finale, ce qui paraissait tout à fait à leur portée vu les deux victoires par 3-0 contre la Serbie-Monténégro et l'Italie qui s'ensuivirent. Cependant, il y avait dans ce tournoi une équipe qui ne se préoccupait pas tellement des victoires prestigieuses de la sélection bulgare et qui, au lieu de se laisser impressionner, a réussi à voir dans cette situation une chance unique à saisir. C'est en effet la première fois que la France joue dans le carré final de la Ligue Mondiale. Emmenée par un entraîneur expérimenté qui sait toujours comment motiver ses joueurs - Philippe Blain, la France se qualifie pour les demi-finales suite à trois match épuisants en cinq set dont deux perdus face à la Russie et à la Serbie-Monténégro et un seul gagné face à l'Italie. Ainsi, chose quelque peu absurde dans ce tableau de compétition, la Bulgarie, avec trois victoires nettes, a contribué à la qualification des Français en battant sèchement la Serbie-Monténégro. La France retrouve une motivation supplémentaire dans les paroles de son entraîneur : "Nous devons trouver la dernière goûte d'énergie pour s'en sortir, car on n'a pas souvent la chance de jouer la Bulgarie en demi-finale." Et la sélection française saisira cette chance à pleines dents en battant la Bulgarie 3-0. Son énergie ne lui suffira pas pour gagner la finale face au Brésil, mais pour la France c'est tout de même une première et c'est une médaille d'argent. Les Bulgares, dans leur envie de briller, se sont grillés suite à leurs trois premiers matchs, et il faut croire que leur motivation n'était pas au niveau requis. En plus de la fatigue, la déception de la non participation à la finale démotive complètement les Bulgares face à la Russie qui joue devant son propre public pour la médaille de bronze. Après avoir relevé le défi de surmonter l'équipe cubaine qui l'avait empêchée de participer au tour final de la Ligue Mondiale, l'année précédente, la Bulgarie s'est trouvé un nouveau défi - battre la France...


4 août 2008




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