La
Bulgarie aux JO de Pékin 2008
par Daniel Milev
Championnat du monde 2006
Le
format de la compétition et constitué de quatre poules
préliminaires de six équipes. Les quatre premières
équipes de chaque poule passent au second tour dans deux autres
poules à huit où elles s'affrontent pour une place en
demi-finale. Seul les deux premières équipes de chaque
poule au second tour continuera donc la lutte pour les
médailles. On tient compte des résultats obtenus dans le
premier tour en cumulant les points. Ainsi les deux derniers de chaque
poule sont éliminés de la compétition, tandis que
les autres jouent des plays off pour le classement de la 5ème
à la 12ème place.
Les Bulgares se sont préparés pendant dix jours à
Nagano avant le début
des rencontres. Le premier match est face à l'Italie au 17
novembre, et
la rencontre se déroule suivant le même scénario
que la première rencontre
entre le deux pays en Italie lors de la Ligue Mondiale de 2005. Les
Italiens gagnent le premier set, les Bulgares remportent de justesse le
second(cette fois-ci par 26-24 seulement), ensuite les Italiens
s'effondrent (25-16) pour remporter le quatrième set avec le
même score.
Le tie-break est largement dominé par les Bulgares qui concluent
à 15-8
devant un public japonais peu intéressé - seulement 1200
spectateurs,
chose peu habituelle pour ce pays où le volley est un sport
très populaire.
L'entraîneur italien Gianpaolo Montali fait son discours à
la conférence
de presse après le match : "Nous avons entamé très
bien, mais la Bulgarie
est une des meilleures équipes au monde en ce moment. Il ont un
grand
mental." Martin Stoev prend la parole à son tour :
"C'était un jeu très
difficile entre deux équipes très fortes. Je pense que
chacune aurait pu
gagner à la fin. Mais ce n'est que le début et le chemin
est très long.
Nous devons garder pieds sur terre."
Le rival suivant de la Bulgarie est la très redoutable
équipe des Etats-Unis qui démarre pourtant mal dans ce
Championnat en perdant son premier match contre le Venezuela. Les
Américains ont besoin d'une victoire pour se rassurer dans cette
poule C où il y a également l'Iran et la
République Tchèque. Le match est très
accroché dès le départ. Personne ne veut
céder aucun point et même si l'on assiste à
plusieurs retournements de situation la différence aux points ne
se creuse jamais. A 24-21 pour la Bulgarie, elle semble tenir le set en
mains néanmoins les yankees reviennent en force et arrivent
même à se procurer des points de set à leur tour,
mais écartés in extrémis par les Bulgares qui
terminent dramatiquement le set à 30-28. Dans le deuxième
set, malgré une tentative de la part des ricains de prendre les
choses en mains avec trois points d'avance dès le début
de jeu, les Bulgares envoient de véritables boulets de canon
à leur opposants et clôturent à 25-22. Les yankees
sont déjà bien sonnés et les Bulgares prennent de
l'avance avec 5-0 au départ du troisième set. Ils ne
permettront plus aux Américains de réduire cette avance
et arrêteront le match à 25-20. Comme Martin Stoev dit
sobrement après le match : "Le plus important est d'avoir pris
la victoire et avoir fait un autre pas vers la qualification pour le
tour suivant." Les Américains relativisent en se disant qu'il
avaient été meilleurs que le jour précédant.
Le lendemain, les Bulgares se dressent face au vainqueurs des
Etats-Unis lors du premier match - le Venezuela. Cela démarre
très bien pour eux, ils sont dans le bon rythme et creusent
l'écart, mais finissent par tomber dans le panneau de la
facilité en se laissant déconcentrer par la fausse
impression de suprématie. Cela ne manquera pas de les surprendre
désagréablement lorsqu'ils perdront le premier set par
22-25. Après avoir vaincu l'Italie et les Etats-Unis, les
Bulgares veulent être les premiers qualifiés pour la phase
suivante de la compétition, qui plus est les résultats
obtenus dans de la poule seront pris en compte pour le classement par
la suite. La sélection bulgare retrouve rapidement son rythme
infernal lors du second set et s'impose 25-17, 25-22 dans le
troisième et 25 -17 dans le quatrième et dernier set.
C'est là qu'on voit à quel point les trois victoires en
trois jour lors de la Ligue Mondiale 2006 ont servi pour renforcer le
mental de cette équipe pleine de talents. Les Bulgares font
preuve d'une constance qui les distinguera bientôt des autres
équipes. L'entraîneur du Venezuela résume : "Nous
savions que ce sera un jeu difficile et nous nous sommes
préparés à ça. Nos joueurs se sont bien
présentés, mais les Bulgares ont fait mieux."
Une victoire disputée, mais nette, par 3-0 face à l'Iran
conforta la première place bulgare dans la poule. Pour la petite
histoire, c'est l'ancien entraîneur de la sélection
bulgare qui mène l'Iran - le Serbe Milorad Kiats. Martin Stoev
fit tourner complètement son équipe pendant le match et
sans que cela influe négativement sur son jeu. Il donna
l'occasion, à tous ceux qui n'avaient pas pu jouer, d'entrer sur
le terrain et de les mettre davantage en confiance. Le capitaine Plamen
Konstantinov exprime son souhait de gagner le dernier match de la poule
le lendemain lors de la conférence de presse après la
victoire face à l'Iran.
La République Tchèque réussira a chiper le premier
set aux Bulgares 20-25, mais ensuite ces derniers reprendront la partie
en mains : 25-22, 25-20 et 25-21. A ce niveau de la compétition,
il n'y a pas véritablement d'équipes trop faibles et les
tchèques ne le sont point. C'est seulement que les Bulgares
étaient forts et motivés de ne lâcher rien du tout
qu'ils se sont imposés. Martin Stoev confirme : "Nous
étions un peu fatigués puisque c'était le
cinquième match et nous n'avons pas pu servir comme d'habitude.
Mais nous avons bloqué et joué bien en défense. Ce
n'était pas un match facile et nous avons perdu beaucoup
d'énergie. Au tour suivant nous ferons notre mieux pour gagner
les trois matchs suivants pour être en demi-finales."
C'est ici que le hasard fait bien les choses. La Bulgarie rencontre
d'abord le Cuba qu'elle bat 3-0 après un déplacement de
Nagano à Hiroshima et trois jours de repos. Six matchs, six
victoires. Mais les joueurs se plaignent de l'heure trop matinale
à leur goût pour jouer - 11h du matin, ce qui signifie
qu'en Europe l'on doit se lever à trois ou quatre heure pour
regarder les matchs en direct.
S'en suit un match très intense face à l'Allemagne avec
très peu d'erreurs des deux côtés, de forts
services et de nombreux blocks. La Bulgarie s'impose dans la douleur
presque par 3-1 (25-22, 23-25, 25-20, 25-18). Le capitaine allemand
Frank Dehne s'explique après la rencontre : "Ils ont joué
aussi bien que nous savions à l'avance qu'ils allaient. Nous
n'avons pas été en mesure de vaincre, car nous n'avons
pas pu résister lorsqu'ils prenaient de l'avance. Ils sont trop
forts de sorte que nous n'arrivions pas à rattraper. Bonne
chance à eux, car ils étaient meilleurs aujourd'hui !" Le
capitaine bulgare Plamen Konstantinov donne la réplique :
"C'était un match difficile. C'est toujours dur de jouer contre
l'Allemagne, et ils n'avaient rien à perdre. C'est un bon
résultat pour nous. Nous voulions gagner et cela nous maintient
à la première place du groupe. Une victoire dans un des
deux matchs à suivre nous donne le ticket pour les demi-finales."
Comme le dit le capitaine bulgare, il faut gagner un des deux matchs
suivants pour obtenir une place en demi-finales. Et sur le chemin des
Bulgares à ce moment crucial se dresse la France ! Après
l'exploit de la Bulgarie lors de la Ligue Mondiale de cette
année où elle a vaincu le Brésil, chose qui
n'était jamais arrivée en phase finale de cette
compétition depuis des années, c'est la France qui
réédite cet exploit lors de ce Championnat du monde dans
la troisième rencontre de la poule B. Lorsque la France se
dresse face à la Bulgarie, elle n'a qu'une seule défaite,
comme le Brésil. Il lui faut une victoire pour se garantir une
place en demi-finale, sinon elle sera à la merci du
pointavérage et ce même si elle gagne son dernier match
face à l'Italie. Une défaite face à la Bulgarie la
condamne à espérer que les Bulgares se feront la peine de
battre le Brésil également dans leur dernier match alors
qu'ils seront assurés de leur qualification en demi-finale, car
ils sont jusqu'à cette rencontre invaincus. Aussi, les
Français sont-ils surmotivés pour gagner ce match.
Après avoir écarté la Bulgarie en demi-finale de
la Ligue Mondiale de cette année, le sort croise les chemins de
ses deux pays, cette fois-ci en lutte pour la demi-finale du
Championnat du monde. Que savent les Français sur les Bulgares
avant la rencontre ? "C'est une équipe en forme, notamment les
deux joueurs qui en sont les métronomes, Vladimir Nikolov et
Matey Kaziyski. Beaucoup de choses reposent sur eux. Ils finissent
souvent des sets avec leurs services. Offensivement, ils
représentent une sécurité pour le passeur",
déclare Philippe Blain avant le match. L'entraîneur
français sait également qu'une très bonne
réception devrait largement aider son équipe. Il avait
déjà demandé cela à ses joueurs lors de la
Ligue Mondiale en août et ça avait bien fonctionné.
Il le leur demandera pour cette rencontre face aux Bulgares à
nouveau. "Ils ont besoin de bien fonctionner offensivement pour
être bien mentalement. Il faudra leur mettre une grosse pression
en défense. C'est une équipe qui n'aime pas trop
être bousculée", explique le spécialiste
français. Néanmoins, il ne manque pas de faire remarquer
qu'après la victoire sur les Bulgares en demi-finale de la Ligue
Mondiale, ces derniers sont déjà avertis.
Le match a lieu le 28 novembre, toujours à Hiroshima, et
après une journée générale de repos. Le
premier set commence par un point pour la Bulgarie, marqué par
Vladimir Nikolov. Celui-ci était un joueur de l'équipe de
Tours pendant plusieurs années. Après deux
échanges en tête, les Bulgares finissent par reprendre la
position de meneurs du jeu au premier temps mort technique(8-6).
Quelques maladresses des Bulgares au service et en attaque permettent
aux Français de recoller au score(10-10). A ce moment, Matey
Kaziyski se met au service et permet à son équipe de
creuser un écart(13-10). Phillipe Blain demande un temps mort.
Cela s'avère payant, car à la reprise du jeu le Bulgare
qui joue pour Dynamo Moscou n'est plus aussi concentré et envoie
le ballon dans le filet. C'est au tour de Stephane Antiga de faire un
ace au service après celui de Pierre Pujol en début de
rencontre(13-12). Les Français prennent progressivement
l'ascendant sur leurs adversaires grâce à Guillaume Samica
et à Franz Granvorka en marquant plusieurs points
consécutifs sans réplique - d'abord 15-16 au second temps
mort technique et ensuite 15-18 pour les Français ce qui les
place en bonne position pour finir le set à leur compte. Le
travail énorme en défense s'avère la clé
gagnante dans le jeu pour les joueurs de Phillipe Blain qui ont
respecté à la lettre ses recommandations de mettre en
difficulté les Bulgares lorsque ces derniers attaquent. Un autre
ace de Samica et une attaque par le centre d'Olivier Kieffer confortent
les positions des Français à la tête et les
rapprochent à seulement trois points du gain de ce set(17-22). A
ce moment-là, les Bulgares semblent revenir au score par trois
points consécutifs à l'image de Vladimir Nikolov qui
continue de mettre à mal la défense française avec
ses attaques puissantes côté droit(20-22). C'est à
nouveau Stephane Antiga qui se hisse parmi les siens pour arrêter
la série gagnante des Bulgares(20-23). S'ensuivent deux points
pour les Bulgares(22-23). Et c'est Kaziyski qui offre deux balles de
set au Français en servant trop long. Nikolov écarte la
première, mais Granvorka met un terme au suspense(23-25).
C'est encore Granvorka qui ouvre la marque dans le second set et c'est
lui également qui le terminera sur un ace surpuissant. Il
survolera ce set en mettant à mal systématiquement la
défense bulgare. Matey Kaziyski ne se sent pas à l'aise
et commet des erreurs, Nikolov rattrape tant bien que mal, les Bulgares
s'accrochent en restant à un ou deux points d'écart.
Antiga en attaque et Pujol suite à un ace distancent leurs
adversaires à 4 points(10-14). Cette différence se
conserve après le deuxième temps mort technique
jusqu'à 13-17. Vladimir Nikolov explose à nouveau et
permet aux Bulgares de revenir à 15-17. Mais les Français
trouvent les moyens de rappliquer par Granvorka qui joue le block-out,
Antiga qui fait une roulette, Kieffer un ace, Vadeleux - attaque par le
centre(17-21). S'en suit un échange de points(18-22), les
Bulgares marquent encore et Kaziyski met un ace derrière(20-22).
On sent que les choses peuvent basculer d'un instant à l'autre
et Phillipe Blain demande un temps mort pour casser le rythme gagnant
au service de Matey Kaziyski. Cela ne marche pas trop et sur l'attaque
suivante Samica se fait contrer(21-22). C'est à ce moment
crucial que Kaziyski flanche enfin et sert dehors(21-23). Le capitaine
bulgare Konstantinov tente de faire revenir son équipe dans le
set une dernière fois(22-23), mais rien n'y fera plus, Granvorka
clot sur 22-25.
Le troisième set démarre bien pour les Français et
Nikolov se met à faire des erreurs. Au premier temps mort
technique les Français mènent de trois points(5-8).
Kaziyski aussi semble sombrer peu à peu et les Bulgares sont
privés de leur efficacité en attaque. C'est à ce
moment critique que Martin Stoev a une idée de génie et
montre un sacré culot. La situation est
désespérée, le match se dirige vers une perte
sèche, il faut tenter le tout pour le tout. Martin Stoev fait
sortir Vlado Nikolov qui joue dans la zone 2(à droite du filet)
et y fait entrer Boyan Yordanov - un jeune qui a besoin de faire ses
preuves. La particularité de Boyan c'est qu'il est gaucher. Cela
a en effet une implication très importante sur laquelle mise
justement l'entraîneur bulgare. Comme les joueurs français
se sont habitués au jeu en attaque de Vlado Nikolov et lui
mirent la pression avec un bloc efficace qui était calé
sur son rythme de jeu(il faut en effet bien estimer le moment de sauter
en l'air pour bloquer et bien sentir la trajectoire), l'entrée
de Boyan Yordanov perturbe leur propre rythme à son tour. Il
possède un bras plus rapide et qui plus est, comme les ballons
viennent de la gauche, ils les prend plus tôt. Cela se traduit
par un temps légèrement plus court pour frapper et du
coup le bloc français n'arrive plus à saisir ses ballons.
Cela se révèlera suffisant pour recoller au score,
d'abord 8-10 pour les Français, ensuite 11-12. Au second temps
mort technique les Français mènent 15-16 suite à
un service bulgare envoyé dehors. Les Français rendent le
geste après la pause lorsque Vadeleux sert dans le filet. Mais
ils se reprennent bien par la suite et se créent un petit
écart(18-20) lorsque Kaziyski sert dans le filet. A ce moment,
c'est le trac de la victoire toute proche pour les Français qui
les déstabilise et peut-être un peu la fatigue aussi. Les
Bulgares marquent et les Français commencent à commettre
des erreurs en attaque en série. Les attaques de Vadeleux et
Granvorka sont jugées dehors par les arbitres et les Bulgares
inscrivent trois points consécutifs à leur compte(21-20).
Ce que l'on pressentait seulement lors des deux premiers sets commence
à se réaliser. Philippe Blain demande un temps mort. Rien
n'y fait à la reprise de jeu - Samica attaque dehors(22-20),
Pujol sert dehors. C'est le cafouillage total, chacune des deux
équipe inscrivant des points sur le compte de l'autre. Yordanov
sert dehors(24-22). Mais les Bulgares finissent par prendre ce qui leur
échappa deux set durant et se relancent complètement dans
le match.
Les Français continuent avec les erreurs au début du
quatrième set et cette fois-ci ce sont les Bulgares qui
mènent 8-5 au premier temps mort technique. Les Français
tentent de revenir et cela leur réussi à 12-12, mais la
Bulgarie reprend l'avantage(16-14). Kaziyski qui reprend du poil de la
bête après la pause du second temps mort technique creuse
l'écart au service(18-15) Cela marche point pour point et
dès que les Français semblent revenir un peu(20-18) avec
une attaque ratée de Konstantinov, Martin Stoev demande un temps
mort pour calmer ses joueurs et leur donner des instructions. Granvorka
réduit encore la distance avec un ace(20-19), mais les
Français commettent à nouveau des erreurs(23-21).
Granvorka a qui presque tout avait bien réussi dans ce match se
fait contrer(24-21) et Phillipe Blain demande un temps mort. Une faute
de filet maintient pour un moment les Français dans le set et
ça finit par le même score que le set
précédent 25-22.
Les Bulgares ont l'avantage psychologique et ne tardent pas à le
concrétiser sur le tableau d'affichage. Les Français
tentent de rester dans le match, mais Kaziyski qui s'est
réveillé, Konstantinov - le capitaine, et Boyan Yardanov
avec sa main tueuse gauche auront raison d'eux : 8-5, 11-8, 14-9 et
15-10. Les Bulgares sont qualifiés pour les demi-finales et
deviennent du coup une des quatre meilleures équipes du
Championnat du monde. Les Français, eux, joueront les play off
pour un classement de la 5ème à la 8ème place et
finiront 6èmes.
Huit jeux consécutifs pour les Bulgares, huit victoires
difficiles. On les connaissait forts, mais inconstants, lors de ce
Championnat du monde on les découvre terriblement forts et
doués d'une volonté surhumaine qui leur permet de se
sublimer.
Le dernier match de la poule n'a plus aucune importance pour la
Bulgarie, si ce n'est pour permettre aux jeunes qui restaient sur le
banc des réserves de sortir face à la plus grande
équipe du monde - le Brésil, pour cumuler de
l'expérience. Pour le Brésil, au contraire, c'est
important de gagner pour ne pas se retrouver en situation de
pointavérage avec la France. Le premier set est disputé
et la seleçao l'emporte de peu 22-25. Les jeunes Boyan Yordanov
et Krasimir Gaydarski font preuve de grandes qualités ce qui
rend les brésiliens légèrement nerveux. Plamen
Konstantinov et Matey Kaziyski les aident et les Bulgares
réussissent à égaliser à un set partout
25-20. Les Brésiliens ont absolument besoin de cette victoire,
surmontent leur nervosité lorsqu'ils voient que les Bulgares
jouent pour expérimenter et sortent le grand jeu
déjà bien plus détendus. Il faut croire que la
victoire bulgare lors du match d'ouverture de la Ligue Mondiale de
cette année les a traumatisés un peu. Ils s'imposent par
22-25 à nouveau dans le troisième set et encore plus
aisément dans le set suivant 16-25. Après le match, les
entraîneurs et quelques joueurs se montrent assez loquaces.
Bernardo Rezende d'abord : "Félicitations à la Bulgarie
pour tout le championnat. Ils sont une des meilleures, si ce n'est la
meilleure équipe au monde. Ils travaillent vraiment dur et
possèdent certains bons jeunes joueurs et j'espère qu'il
se qualifient pour la finale. Je sais que le rencontre n'était
pas si importante pour eux, mais pour nous elle était tendue et
importante, car si nous avions perdu, nous aurions du attendre pour
voir ce qui se passe entre la France et l'Italie. Il y avait un peu de
nervosité de notre côté tandis qu'eux ils ont pu
tourner certains jeunes et leur laisser la place. Je suis sûr
qu'il seront prêts pour les demi-finales et j'espère que
nous pourrons jouer contre eux en finale et jouer encore mieux." Martin
Stoev : "Je veux féliciter l'équipe brésilienne.
Ils ont mieux joué aujourd'hui et c'est pour cela qu'ils ont
gagné. J'espère que nous pouvons jouer une jolie finale
face à eux, puisque je suis sûr que le Brésil se
qualifiera pour la finale et j'espère que nous pouvons y arriver
et avoir une autre chance contre eux."
La demi-finale contre la Pologne s'avère un match
éprouvant. Devant un public polonais venu nombreux ici et
extrêmement bruyant, on croirait que le match a lieu en Pologne.
L'excès de confiance des Polonais ne fait aucun doute. Leur
tactique consiste essentiellement à essayer de creuser tôt
un écart et à le conserver en jouant au point par point
ayant ainsi la confiance du leader pour se conforter dans leur
sentiment de suprématie. Mais dans le premier set ils n'auront
la possibilité de creuser l'écart que vers la fin et
remporteront par 20-25. Le public polonais exulte et semble à la
fête comme si leur équipe était déjà
en finale. Dans le second set, cela leur réussi de prendre de
l'avance par 3-7 et ensuite même 5-10. Les Bulgares ont des
difficultés à se concentrer et se voient obligés
de cravacher pour recoller au score. Leur persévérance
paie et au second temps mort technique les Polonais ne mènent
que par 14-16. Le public polonais commence à se faire silencieux
pour la première fois depuis le début de la rencontre.
Cela semble aider davantage les Bulgares qui reviennent à 17-17
et Raul Lozano - l'entraîneur argentin des Polonais, se voit
obligé de demander un temps mort. Mais les Bulgares se dirigent
immanquablement vers la victoire dans ce set, d'abord par Evgueni
Ivanov 21-20, ensuite par Boyan Yordanov qui aura fait beaucoup de mal
à cette équipe polonaise 24-23. Les Polonais tentent un
retour désespéré, mais en vain : 28-26. La sale
est silencieuse, les supporters Polonais ont une expression livide et
angoissée. Il n'y a plus de chants, il n'y a plus de danses, il
n'y a plus d'agitation de drapeaux. Ces trouble-fêtes bulgares
semblent professer l'humilité. Au début du
troisième set, les Polonais croient pouvoir refaire le coup de
l'écart et réussissent temporairement 1-4. Les Bulgares
manquent de concentration au départ et cela les oblige à
aller chercher au fond de leur tripes les effort et l'inspiration
nécessaire pour revenir au score. Les Bulgares reviennent
à 4-5 et après une petite bataille obstinée pour
prendre la tête ce sont bien eux qui l'emportent. Au
deuxième temps mort technique ils mènent par 16-13. Cet
avantage se maintient suite à la pause 22-19. Les Polonais
sentent la fin arriver et sont effrayés. Les Bulgares, eux sont
à bout de forces. Ils ont gaspillé
énormément d'énergie pour revenir dans le match.
Ils sont maintenant sur le point de le gagner, car il ne fait aucun
doute que celui qui remporte ce set prend une option sérieuse
sur ce match. Ils sont tout près d'y arriver et même les
spectateurs Polonais en salle qui regardent maintenant
désespérés de leur yeux humides le voient. Mais le
manque de concentration fera bien ses dégâts avant la fin
du set. C'est le passeur Andrey Jekov qui commettra l'erreur fatale qui
retournera complètement le match. Ce n'est pas la
première fois que ce joueur a des passages à vide
où ils se met à donner des ballons trop bas en plombant
les ailes des attaquants de cette manière. Alors que les
Bulgares tiennent un ballon pour marquer le 23ème point, il
passe la balle en arrière, le long du filet, pour Boyan Yordanov
qui est un gaucher. Sauf que la passe est trop basse et rapide. Un peu
surpris, Boyan ne réussi pas à frapper le ballon au
milieu, mais dans l'extrémité, ce qui provoque sa
déviation et sa sortie de quelques centimètres à
côté de la droite. S'en suit une perturbation
générale dans l'équipe Bulgare qui se traduit par
une série d'erreurs que les Polonais exploitent à
merveille et ils remportent par 23-25 ! A ce niveau de jeu, la moindre
petite erreur peut tout faire basculer dans un match. A partir de
là, les choses deviennent beaucoup plus faciles pour les
Polonais et même leur public qui se remet à chanter,
à danser, à agiter le drapeau national, l'aura bien
compris. L'arbitre principal de la rencontre décide
d'abréger les souffrances des deux équipes en accordant
un point scandaleux aux Polonais suite à quoi les Bulgares
perdent la concentration et la motivation, car ils ont l'impression de
jouer contre l'arbitre aussi et sont largués au score à cinq
points. Les Polonais jouent au point par point et les Bulgares se
remettent à cravacher de nouveau et reviennent difficilement
à 13-16 au second temps mort technique. Il leur faudra sans
doute un set bien plus long pour revenir entièrement face
à des Polonais désormais convaincus de leur victoire :
23-25 est le résultat final. C'est la deuxième fois cette
année que la Bulgarie arrive en demi-finales et ne réussi
pas à se qualifier pour la finale. Prochain défi à
relever : battre la Pologne.
La déception est grande. Les Bulgares se sont battus tout seuls.
Toutefois, ils trouveront la force morale pour livrer une
véritable bataille le lendemain face à la
Serbie-Monténégro et remporter une victoire par 3-1
(22-25, 25-23, 25-23, 25-23). Pour les Serbo-Monténegrains,
c'est le deuxième Championnat du monde de suite où ils
finissent à la quatrième place en ratant ainsi la
médaille de bronze. C'est également la dernière
fois où les deux pays voisins jouent ensemble en
compétition officielle, car ils se sont séparés.
Pour les Bulgares, c'est une victoire qui apporte une médaille
de bronze - la première médaille bulgare depuis 20 ans,
une médaille qui a la valeur de l'or surtout à cause de
la finale ratée de justesse ! C'est également la
quatrième médaille de bronze des Championnats du monde
pour la Bulgarie.
9 août 2008
