La Bulgarie aux JO de Pékin 2008
par Daniel Milev


Championnat du monde 2006

Le format de la compétition et constitué de quatre poules préliminaires de six équipes. Les quatre premières équipes de chaque poule passent au second tour dans deux autres poules à huit où elles s'affrontent pour une place en demi-finale. Seul les deux premières équipes de chaque poule au second tour continuera donc la lutte pour les médailles. On tient compte des résultats obtenus dans le premier tour en cumulant les points. Ainsi les deux derniers de chaque poule sont éliminés de la compétition, tandis que les autres jouent des plays off pour le classement de la 5ème à la 12ème place.

Les Bulgares se sont préparés pendant dix jours à Nagano avant le début des rencontres. Le premier match est face à l'Italie au 17 novembre, et la rencontre se déroule suivant le même scénario que la première rencontre entre le deux pays en Italie lors de la Ligue Mondiale de 2005. Les Italiens gagnent le premier set, les Bulgares remportent de justesse le second(cette fois-ci par 26-24 seulement), ensuite les Italiens s'effondrent (25-16) pour remporter le quatrième set avec le même score. Le tie-break est largement dominé par les Bulgares qui concluent à 15-8 devant un public japonais peu intéressé - seulement 1200 spectateurs, chose peu habituelle pour ce pays où le volley est un sport très populaire. L'entraîneur italien Gianpaolo Montali fait son discours à la conférence de presse après le match : "Nous avons entamé très bien, mais la Bulgarie est une des meilleures équipes au monde en ce moment. Il ont un grand mental." Martin Stoev prend la parole à son tour : "C'était un jeu très difficile entre deux équipes très fortes. Je pense que chacune aurait pu gagner à la fin. Mais ce n'est que le début et le chemin est très long. Nous devons garder pieds sur terre."

Le rival suivant de la Bulgarie est la très redoutable équipe des Etats-Unis qui démarre pourtant mal dans ce Championnat en perdant son premier match contre le Venezuela. Les Américains ont besoin d'une victoire pour se rassurer dans cette poule C où il y a également l'Iran et la République Tchèque. Le match est très accroché dès le départ. Personne ne veut céder aucun point et même si l'on assiste à plusieurs retournements de situation la différence aux points ne se creuse jamais. A 24-21 pour la Bulgarie, elle semble tenir le set en mains néanmoins les yankees reviennent en force et arrivent même à se procurer des points de set à leur tour, mais écartés in extrémis par les Bulgares qui terminent dramatiquement le set à 30-28. Dans le deuxième set, malgré une tentative de la part des ricains de prendre les choses en mains avec trois points d'avance dès le début de jeu, les Bulgares envoient de véritables boulets de canon à leur opposants et clôturent à 25-22. Les yankees sont déjà bien sonnés et les Bulgares prennent de l'avance avec 5-0 au départ du troisième set. Ils ne permettront plus aux Américains de réduire cette avance et arrêteront le match à 25-20. Comme Martin Stoev dit sobrement après le match : "Le plus important est d'avoir pris la victoire et avoir fait un autre pas vers la qualification pour le tour suivant." Les Américains relativisent en se disant qu'il avaient été meilleurs que le jour précédant.

Le lendemain, les Bulgares se dressent face au vainqueurs des Etats-Unis lors du premier match - le Venezuela. Cela démarre très bien pour eux, ils sont dans le bon rythme et creusent l'écart, mais finissent par tomber dans le panneau de la facilité en se laissant déconcentrer par la fausse impression de suprématie. Cela ne manquera pas de les surprendre désagréablement lorsqu'ils perdront le premier set par 22-25. Après avoir vaincu l'Italie et les Etats-Unis, les Bulgares veulent être les premiers qualifiés pour la phase suivante de la compétition, qui plus est les résultats obtenus dans de la poule seront pris en compte pour le classement par la suite. La sélection bulgare retrouve rapidement son rythme infernal lors du second set et s'impose 25-17, 25-22 dans le troisième et 25 -17 dans le quatrième et dernier set. C'est là qu'on voit à quel point les trois victoires en trois jour lors de la Ligue Mondiale 2006 ont servi pour renforcer le mental de cette équipe pleine de talents. Les Bulgares font preuve d'une constance qui les distinguera bientôt des autres équipes. L'entraîneur du Venezuela résume : "Nous savions que ce sera un jeu difficile et nous nous sommes préparés à ça. Nos joueurs se sont bien présentés, mais les Bulgares ont fait mieux."

Une victoire disputée, mais nette, par 3-0 face à l'Iran conforta la première place bulgare dans la poule. Pour la petite histoire, c'est l'ancien entraîneur de la sélection bulgare qui mène l'Iran - le Serbe Milorad Kiats. Martin Stoev fit tourner complètement son équipe pendant le match et sans que cela influe négativement sur son jeu. Il donna l'occasion, à tous ceux qui n'avaient pas pu jouer, d'entrer sur le terrain et de les mettre davantage en confiance. Le capitaine Plamen Konstantinov exprime son souhait de gagner le dernier match de la poule le lendemain lors de la conférence de presse après la victoire face à l'Iran.

La République Tchèque réussira a chiper le premier set aux Bulgares 20-25, mais ensuite ces derniers reprendront la partie en mains : 25-22, 25-20 et 25-21. A ce niveau de la compétition, il n'y a pas véritablement d'équipes trop faibles et les tchèques ne le sont point. C'est seulement que les Bulgares étaient forts et motivés de ne lâcher rien du tout qu'ils se sont imposés. Martin Stoev confirme : "Nous étions un peu fatigués puisque c'était le cinquième match et nous n'avons pas pu servir comme d'habitude. Mais nous avons bloqué et joué bien en défense. Ce n'était pas un match facile et nous avons perdu beaucoup d'énergie. Au tour suivant nous ferons notre mieux pour gagner les trois matchs suivants pour être en demi-finales."

C'est ici que le hasard fait bien les choses. La Bulgarie rencontre d'abord le Cuba qu'elle bat 3-0 après un déplacement de Nagano à Hiroshima et trois jours de repos. Six matchs, six victoires. Mais les joueurs se plaignent de l'heure trop matinale à leur goût pour jouer - 11h du matin, ce qui signifie qu'en Europe l'on doit se lever à trois ou quatre heure pour regarder les matchs en direct.

S'en suit un match très intense face à l'Allemagne avec très peu d'erreurs des deux côtés, de forts services et de nombreux blocks. La Bulgarie s'impose dans la douleur presque par 3-1 (25-22, 23-25, 25-20, 25-18). Le capitaine allemand Frank Dehne s'explique après la rencontre : "Ils ont joué aussi bien que nous savions à l'avance qu'ils allaient. Nous n'avons pas été en mesure de vaincre, car nous n'avons pas pu résister lorsqu'ils prenaient de l'avance. Ils sont trop forts de sorte que nous n'arrivions pas à rattraper. Bonne chance à eux, car ils étaient meilleurs aujourd'hui !" Le capitaine bulgare Plamen Konstantinov donne la réplique : "C'était un match difficile. C'est toujours dur de jouer contre l'Allemagne, et ils n'avaient rien à perdre. C'est un bon résultat pour nous. Nous voulions gagner et cela nous maintient à la première place du groupe. Une victoire dans un des deux matchs à suivre nous donne le ticket pour les demi-finales."

Comme le dit le capitaine bulgare, il faut gagner un des deux matchs suivants pour obtenir une place en demi-finales. Et sur le chemin des Bulgares à ce moment crucial se dresse la France ! Après l'exploit de la Bulgarie lors de la Ligue Mondiale de cette année où elle a vaincu le Brésil, chose qui n'était jamais arrivée en phase finale de cette compétition depuis des années, c'est la France qui réédite cet exploit lors de ce Championnat du monde dans la troisième rencontre de la poule B. Lorsque la France se dresse face à la Bulgarie, elle n'a qu'une seule défaite, comme le Brésil. Il lui faut une victoire pour se garantir une place en demi-finale, sinon elle sera à la merci du pointavérage et ce même si elle gagne son dernier match face à l'Italie. Une défaite face à la Bulgarie la condamne à espérer que les Bulgares se feront la peine de battre le Brésil également dans leur dernier match alors qu'ils seront assurés de leur qualification en demi-finale, car ils sont jusqu'à cette rencontre invaincus. Aussi, les Français sont-ils surmotivés pour gagner ce match. Après avoir écarté la Bulgarie en demi-finale de la Ligue Mondiale de cette année, le sort croise les chemins de ses deux pays, cette fois-ci en lutte pour la demi-finale du Championnat du monde. Que savent les Français sur les Bulgares avant la rencontre ? "C'est une équipe en forme, notamment les deux joueurs qui en sont les métronomes, Vladimir Nikolov et Matey Kaziyski. Beaucoup de choses reposent sur eux. Ils finissent souvent des sets avec leurs services. Offensivement, ils représentent une sécurité pour le passeur", déclare Philippe Blain avant le match. L'entraîneur français sait également qu'une très bonne réception devrait largement aider son équipe. Il avait déjà demandé cela à ses joueurs lors de la Ligue Mondiale en août et ça avait bien fonctionné. Il le leur demandera pour cette rencontre face aux Bulgares à nouveau. "Ils ont besoin de bien fonctionner offensivement pour être bien mentalement. Il faudra leur mettre une grosse pression en défense. C'est une équipe qui n'aime pas trop être bousculée", explique le spécialiste français. Néanmoins, il ne manque pas de faire remarquer qu'après la victoire sur les Bulgares en demi-finale de la Ligue Mondiale, ces derniers sont déjà avertis.

Le match a lieu le 28 novembre, toujours à Hiroshima, et après une journée générale de repos. Le premier set commence par un point pour la Bulgarie, marqué par Vladimir Nikolov. Celui-ci était un joueur de l'équipe de Tours pendant plusieurs années. Après deux échanges en tête, les Bulgares finissent par reprendre la position de meneurs du jeu au premier temps mort technique(8-6). Quelques maladresses des Bulgares au service et en attaque permettent aux Français de recoller au score(10-10). A ce moment, Matey Kaziyski se met au service et permet à son équipe de creuser un écart(13-10). Phillipe Blain demande un temps mort. Cela s'avère payant, car à la reprise du jeu le Bulgare qui joue pour Dynamo Moscou n'est plus aussi concentré et envoie le ballon dans le filet. C'est au tour de Stephane Antiga de faire un ace au service après celui de Pierre Pujol en début de rencontre(13-12). Les Français prennent progressivement l'ascendant sur leurs adversaires grâce à Guillaume Samica et à Franz Granvorka en marquant plusieurs points consécutifs sans réplique - d'abord 15-16 au second temps mort technique et ensuite 15-18 pour les Français ce qui les place en bonne position pour finir le set à leur compte. Le travail énorme en défense s'avère la clé gagnante dans le jeu pour les joueurs de Phillipe Blain qui ont respecté à la lettre ses recommandations de mettre en difficulté les Bulgares lorsque ces derniers attaquent. Un autre ace de Samica et une attaque par le centre d'Olivier Kieffer confortent les positions des Français à la tête et les rapprochent à seulement trois points du gain de ce set(17-22). A ce moment-là, les Bulgares semblent revenir au score par trois points consécutifs à l'image de Vladimir Nikolov qui continue de mettre à mal la défense française avec ses attaques puissantes côté droit(20-22). C'est à nouveau Stephane Antiga qui se hisse parmi les siens pour arrêter la série gagnante des Bulgares(20-23). S'ensuivent deux points pour les Bulgares(22-23). Et c'est Kaziyski qui offre deux balles de set au Français en servant trop long. Nikolov écarte la première, mais Granvorka met un terme au suspense(23-25).

C'est encore Granvorka qui ouvre la marque dans le second set et c'est lui également qui le terminera sur un ace surpuissant. Il survolera ce set en mettant à mal systématiquement la défense bulgare. Matey Kaziyski ne se sent pas à l'aise et commet des erreurs, Nikolov rattrape tant bien que mal, les Bulgares s'accrochent en restant à un ou deux points d'écart. Antiga en attaque et Pujol suite à un ace distancent leurs adversaires à 4 points(10-14). Cette différence se conserve après le deuxième temps mort technique jusqu'à 13-17. Vladimir Nikolov explose à nouveau et permet aux Bulgares de revenir à 15-17. Mais les Français trouvent les moyens de rappliquer par Granvorka qui joue le block-out, Antiga qui fait une roulette, Kieffer un ace, Vadeleux - attaque par le centre(17-21). S'en suit un échange de points(18-22), les Bulgares marquent encore et Kaziyski met un ace derrière(20-22). On sent que les choses peuvent basculer d'un instant à l'autre et Phillipe Blain demande un temps mort pour casser le rythme gagnant au service de Matey Kaziyski. Cela ne marche pas trop et sur l'attaque suivante Samica se fait contrer(21-22). C'est à ce moment crucial que Kaziyski flanche enfin et sert dehors(21-23). Le capitaine bulgare Konstantinov tente de faire revenir son équipe dans le set une dernière fois(22-23), mais rien n'y fera plus, Granvorka clot sur 22-25.

Le troisième set démarre bien pour les Français et Nikolov se met à faire des erreurs. Au premier temps mort technique les Français mènent de trois points(5-8). Kaziyski aussi semble sombrer peu à peu et les Bulgares sont privés de leur efficacité en attaque. C'est à ce moment critique que Martin Stoev a une idée de génie et montre un sacré culot. La situation est désespérée, le match se dirige vers une perte sèche, il faut tenter le tout pour le tout. Martin Stoev fait sortir Vlado Nikolov qui joue dans la zone 2(à droite du filet) et y fait entrer Boyan Yordanov - un jeune qui a besoin de faire ses preuves. La particularité de Boyan c'est qu'il est gaucher. Cela a en effet une implication très importante sur laquelle mise justement l'entraîneur bulgare. Comme les joueurs français se sont habitués au jeu en attaque de Vlado Nikolov et lui mirent la pression avec un bloc efficace qui était calé sur son rythme de jeu(il faut en effet bien estimer le moment de sauter en l'air pour bloquer et bien sentir la trajectoire), l'entrée de Boyan Yordanov perturbe leur propre rythme à son tour. Il possède un bras plus rapide et qui plus est, comme les ballons viennent de la gauche, ils les prend plus tôt. Cela se traduit par un temps légèrement plus court pour frapper et du coup le bloc français n'arrive plus à saisir ses ballons. Cela se révèlera suffisant pour recoller au score, d'abord 8-10 pour les Français, ensuite 11-12. Au second temps mort technique les Français mènent 15-16 suite à un service bulgare envoyé dehors. Les Français rendent le geste après la pause lorsque Vadeleux sert dans le filet. Mais ils se reprennent bien par la suite et se créent un petit écart(18-20) lorsque Kaziyski sert dans le filet. A ce moment, c'est le trac de la victoire toute proche pour les Français qui les déstabilise et peut-être un peu la fatigue aussi. Les Bulgares marquent et les Français commencent à commettre des erreurs en attaque en série. Les attaques de Vadeleux et Granvorka sont jugées dehors par les arbitres et les Bulgares inscrivent trois points consécutifs à leur compte(21-20). Ce que l'on pressentait seulement lors des deux premiers sets commence à se réaliser. Philippe Blain demande un temps mort. Rien n'y fait à la reprise de jeu - Samica attaque dehors(22-20), Pujol sert dehors. C'est le cafouillage total, chacune des deux équipe inscrivant des points sur le compte de l'autre. Yordanov sert dehors(24-22). Mais les Bulgares finissent par prendre ce qui leur échappa deux set durant et se relancent complètement dans le match.

Les Français continuent avec les erreurs au début du quatrième set et cette fois-ci ce sont les Bulgares qui mènent 8-5 au premier temps mort technique. Les Français tentent de revenir et cela leur réussi à 12-12, mais la Bulgarie reprend l'avantage(16-14). Kaziyski qui reprend du poil de la bête après la pause du second temps mort technique creuse l'écart au service(18-15) Cela marche point pour point et dès que les Français semblent revenir un peu(20-18) avec une attaque ratée de Konstantinov, Martin Stoev demande un temps mort pour calmer ses joueurs et leur donner des instructions. Granvorka réduit encore la distance avec un ace(20-19), mais les Français commettent à nouveau des erreurs(23-21). Granvorka a qui presque tout avait bien réussi dans ce match se fait contrer(24-21) et Phillipe Blain demande un temps mort. Une faute de filet maintient pour un moment les Français dans le set et ça finit par le même score que le set précédent 25-22.

Les Bulgares ont l'avantage psychologique et ne tardent pas à le concrétiser sur le tableau d'affichage. Les Français tentent de rester dans le match, mais Kaziyski qui s'est réveillé, Konstantinov - le capitaine, et Boyan Yardanov avec sa main tueuse gauche auront raison d'eux : 8-5, 11-8, 14-9 et 15-10. Les Bulgares sont qualifiés pour les demi-finales et deviennent du coup une des quatre meilleures équipes du Championnat du monde. Les Français, eux, joueront les play off pour un classement de la 5ème à la 8ème place et finiront 6èmes.

Huit jeux consécutifs pour les Bulgares, huit victoires difficiles. On les connaissait forts, mais inconstants, lors de ce Championnat du monde on les découvre terriblement forts et doués d'une volonté surhumaine qui leur permet de se sublimer.

Le dernier match de la poule n'a plus aucune importance pour la Bulgarie, si ce n'est pour permettre aux jeunes qui restaient sur le banc des réserves de sortir face à la plus grande équipe du monde - le Brésil, pour cumuler de l'expérience. Pour le Brésil, au contraire, c'est important de gagner pour ne pas se retrouver en situation de pointavérage avec la France. Le premier set est disputé et la seleçao l'emporte de peu 22-25. Les jeunes Boyan Yordanov et Krasimir Gaydarski font preuve de grandes qualités ce qui rend les brésiliens légèrement nerveux. Plamen Konstantinov et Matey Kaziyski les aident et les Bulgares réussissent à égaliser à un set partout 25-20. Les Brésiliens ont absolument besoin de cette victoire, surmontent leur nervosité lorsqu'ils voient que les Bulgares jouent pour expérimenter et sortent le grand jeu déjà bien plus détendus. Il faut croire que la victoire bulgare lors du match d'ouverture de la Ligue Mondiale de cette année les a traumatisés un peu. Ils s'imposent par 22-25 à nouveau dans le troisième set et encore plus aisément dans le set suivant 16-25. Après le match, les entraîneurs et quelques joueurs se montrent assez loquaces. Bernardo Rezende d'abord : "Félicitations à la Bulgarie pour tout le championnat. Ils sont une des meilleures, si ce n'est la meilleure équipe au monde. Ils travaillent vraiment dur et possèdent certains bons jeunes joueurs et j'espère qu'il se qualifient pour la finale. Je sais que le rencontre n'était pas si importante pour eux, mais pour nous elle était tendue et importante, car si nous avions perdu, nous aurions du attendre pour voir ce qui se passe entre la France et l'Italie. Il y avait un peu de nervosité de notre côté tandis qu'eux ils ont pu tourner certains jeunes et leur laisser la place. Je suis sûr qu'il seront prêts pour les demi-finales et j'espère que nous pourrons jouer contre eux en finale et jouer encore mieux." Martin Stoev : "Je veux féliciter l'équipe brésilienne. Ils ont mieux joué aujourd'hui et c'est pour cela qu'ils ont gagné. J'espère que nous pouvons jouer une jolie finale face à eux, puisque je suis sûr que le Brésil se qualifiera pour la finale et j'espère que nous pouvons y arriver et avoir une autre chance contre eux."

La demi-finale contre la Pologne s'avère un match éprouvant. Devant un public polonais venu nombreux ici et extrêmement bruyant, on croirait que le match a lieu en Pologne. L'excès de confiance des Polonais ne fait aucun doute. Leur tactique consiste essentiellement à essayer de creuser tôt un écart et à le conserver en jouant au point par point ayant ainsi la confiance du leader pour se conforter dans leur sentiment de suprématie. Mais dans le premier set ils n'auront la possibilité de creuser l'écart que vers la fin et remporteront par 20-25. Le public polonais exulte et semble à la fête comme si leur équipe était déjà en finale. Dans le second set, cela leur réussi de prendre de l'avance par 3-7 et ensuite même 5-10. Les Bulgares ont des difficultés à se concentrer et se voient obligés de cravacher pour recoller au score. Leur persévérance paie et au second temps mort technique les Polonais ne mènent que par 14-16. Le public polonais commence à se faire silencieux pour la première fois depuis le début de la rencontre. Cela semble aider davantage les Bulgares qui reviennent à 17-17 et Raul Lozano - l'entraîneur argentin des Polonais, se voit obligé de demander un temps mort. Mais les Bulgares se dirigent immanquablement vers la victoire dans ce set, d'abord par Evgueni Ivanov 21-20, ensuite par Boyan Yordanov qui aura fait beaucoup de mal à cette équipe polonaise 24-23. Les Polonais tentent un retour désespéré, mais en vain : 28-26. La sale est silencieuse, les supporters Polonais ont une expression livide et angoissée. Il n'y a plus de chants, il n'y a plus de danses, il n'y a plus d'agitation de drapeaux. Ces trouble-fêtes bulgares semblent professer l'humilité. Au début du troisième set, les Polonais croient pouvoir refaire le coup de l'écart et réussissent temporairement 1-4. Les Bulgares manquent de concentration au départ et cela les oblige à aller chercher au fond de leur tripes les effort et l'inspiration nécessaire pour revenir au score. Les Bulgares reviennent à 4-5 et après une petite bataille obstinée pour prendre la tête ce sont bien eux qui l'emportent. Au deuxième temps mort technique ils mènent par 16-13. Cet avantage se maintient suite à la pause 22-19. Les Polonais sentent la fin arriver et sont effrayés. Les Bulgares, eux sont à bout de forces. Ils ont gaspillé énormément d'énergie pour revenir dans le match. Ils sont maintenant sur le point de le gagner, car il ne fait aucun doute que celui qui remporte ce set prend une option sérieuse sur ce match. Ils sont tout près d'y arriver et même les spectateurs Polonais en salle qui regardent maintenant désespérés de leur yeux humides le voient. Mais le manque de concentration fera bien ses dégâts avant la fin du set. C'est le passeur Andrey Jekov qui commettra l'erreur fatale qui retournera complètement le match. Ce n'est pas la première fois que ce joueur a des passages à vide où ils se met à donner des ballons trop bas en plombant les ailes des attaquants de cette manière. Alors que les Bulgares tiennent un ballon pour marquer le 23ème point, il passe la balle en arrière, le long du filet, pour Boyan Yordanov qui est un gaucher. Sauf que la passe est trop basse et rapide. Un peu surpris, Boyan ne réussi pas à frapper le ballon au milieu, mais dans l'extrémité, ce qui provoque sa déviation et sa sortie de quelques centimètres à côté de la droite. S'en suit une perturbation générale dans l'équipe Bulgare qui se traduit par une série d'erreurs que les Polonais exploitent à merveille et ils remportent par 23-25 ! A ce niveau de jeu, la moindre petite erreur peut tout faire basculer dans un match. A partir de là, les choses deviennent beaucoup plus faciles pour les Polonais et même leur public qui se remet à chanter, à danser, à agiter le drapeau national, l'aura bien compris. L'arbitre principal de la rencontre décide d'abréger les souffrances des deux équipes en accordant un point scandaleux aux Polonais suite à quoi les Bulgares perdent la concentration et la motivation, car ils ont l'impression de jouer contre l'arbitre aussi et sont largués au score à cinq points. Les Polonais jouent au point par point et les Bulgares se remettent à cravacher de nouveau et reviennent difficilement à 13-16 au second temps mort technique. Il leur faudra sans doute un set bien plus long pour revenir entièrement face à des Polonais désormais convaincus de leur victoire : 23-25 est le résultat final. C'est la deuxième fois cette année que la Bulgarie arrive en demi-finales et ne réussi pas à se qualifier pour la finale. Prochain défi à relever : battre la Pologne.

La déception est grande. Les Bulgares se sont battus tout seuls. Toutefois, ils trouveront la force morale pour livrer une véritable bataille le lendemain face à la Serbie-Monténégro et remporter une victoire par 3-1 (22-25, 25-23, 25-23, 25-23). Pour les Serbo-Monténegrains, c'est le deuxième Championnat du monde de suite où ils finissent à la quatrième place en ratant ainsi la médaille de bronze. C'est également la dernière fois où les deux pays voisins jouent ensemble en compétition officielle, car ils se sont séparés. Pour les Bulgares, c'est une victoire qui apporte une médaille de bronze - la première médaille bulgare depuis 20 ans, une médaille qui a la valeur de l'or surtout à cause de la finale ratée de justesse ! C'est également la quatrième médaille de bronze des Championnats du monde pour la Bulgarie.


9 août 2008