CELUI QUI FERA PLUS DE DEGATS QUE TCHERNOBYL!!


Dix-sept ans depuis la catastrophe nucléaire, et 200 nouvelles plaintes pour empoisonnement déposées en France en 2002.

Je n'étais pas ici à cette époque-là. J'étais dans un de ces pays de l'Est où l'on n'arrêtait pas de nous mentir à propos de tout et de n'importe quoi à un point  tel que  les gens avaient pris l'habitude de faire  le contraire de ce qu'on  leur disait. Officiellement, il n'y avait aucune précaution particulière à  prendre. Trois  jours après  le drame, les pharmacies furent  fournies en iode radioactif dont notre mère s'est  précipitée pour acheter un flacon. Elle nous forçait à en boire avec une cuillère pour nous protéger la thyroïde - c'était amer!

J'ai  été  surpris de constater, lorsque  je suis  arrivé  ici, que  les pouvoirs  publics  d'un  pays démocratique aient essayé aussi  d'étouffer l'affaire! Les gens  ici ont été doublement trahis. D'abord,  parce qu'ils faisaient vraiment confiance à leur gouvernement et à leur système démocratique. Ce qui ne semble plus être valable de nos jours... Ensuite, parce qu'il n'y avait aucune raison apparente pour que l'on essaie de cacher la vérité "aux françaises et aux français". Si  ce n'est peut-être le fait que la  France était un des seuls partenaires économiques de l'ex-URSS dans le monde capitaliste d'autrefois. D'ailleurs, grâce à cette aide financière, le régime là-bas s'est maintenu plus longtemps. Il ne fallait pas  que le scandale éclate. Il fallait continuer à tout prix à maintenir de bons rapports commerciaux, car si  la France a toujours admiré la grandeur de la Russie, c'est surtout  parce que c'est un énorme marché! Puis, la France n’a jamais caché son engagement très fort pour la politique du tout nucléaire. Il en va sans dire que les chercheurs impliqués dans ce domaine ont retiré tous les dividendes de cette affaire en lançant des programmes liés à la sécurité des centrales atomiques. Mais ce lobi dépasse de loin la simple sphère financière. Ainsi, a-t-on pu constater récemment que le nouveau gouvernement, sous la pression de Cogéma-Areva, a classé "secrêt défense" toute question relative aux combustibles neufs, irradiés et les déchets nucléaires. Cet arrêté, qualifié de liberticide par nombre d'associations et de syndicats, a paru au journal officiel pas plus tard que le 24 juillet 2003. Quiconque enfreindrait l'interdit s'exposait à des poursuites assorties de peines excessivement lourdes, pouvant aller jusqu'à 7 ans d'emprisonnement ou plus de 100 000 euros d'amende (cf. art. 413-10 du code pénal). Heureusement, sous la pression des militants, cet arrêté a été retiré au mois de novembre 2003.

Les exemples de la connivence criminelle de l'Etat et des industriels sont nombreux. Combien d'années il a fallu lutter pour obtenir la reconnaissance du danger pour la santé lié au tabac? Combien  de  vies humaines  se  sont  éteintes depuis  pour obtenir  une  simple  inscription  sur les  paquets de cigarettes : "Nuit gravement à la santé", et depuis peu: "Fumer tue"?  Aujourd'hui cela semble évident à tous. Mais les industriels, infatigables  dans  leur course  folle au  pognon, ne se sont  pas arrêtés  là! Car votre  santé  et votre jeunesse sont un capital qu'ils exploitent sans aucune vergogne!

L'un des derniers gadgets dangereux rendu indispensable pour les consommateurs que nous sommes était le téléphone portable.

Il suffit de se rappeler quelques notions de physique pour s’en rendre compte. C'est au début du siècle dernier que Einstein mit en évidence le fait que l'énergie lumineuse n'est pas étendue dans tout  l'espace, mais concentrée en  une sorte de particules appelées photons [1]. La fameuse relation E=h.n où h est la constante de Planck et n - la fréquence (inversement proportionnelle à la longueur d'onde l ) traduit alors le fait que dans l'interaction lumière-matière et en particulier lorsqu'il y a un échange d'énergie celle-ci ne dépend que de la longueur d'onde (ou la fréquence), comme l'indique cette équation. Lorsque vous utilisez un portable, votre corps est exposé à un rayonnement. Pour vous donner un ordre d'idée celui utilisé dans les fours à micro-ondes est à une fréquence de 2400MHz, et celui des portables nouvelle génération est sensiblement le même (environ 1800MHz pour certains modèles GSM)! Mais en quoi consiste alors la différence ? C'est  la  puissance qui  les différencie. Voici l'argument le plus coriace des industriels et des scientifiques travaillant en collaboration avec eux. La puissance d'un four à micro-ondes est de 1000W environ, alors que celle d'un portable entre 1W et 2W c'est-à-dire entre 1000 et 500 fois moindre respectivement. Donc, ce serait négligeable!? Or, la puissance optique, et c'est cette dernière qui est en cause, car le danger provient du rayonnement, elle est proportionnelle à la fois à l'énergie, qui est presque la même pour les deux engins (longueur d'onde similaire), et au flux de photons incidents, c'est-à-dire en quelque sorte la "concentration" en rayonnement (nombre de photons par unité de surface et de temps). Voilà qui rend le portable parfaitement sournois! Car, si avec les 1000 watts du four à micro-ondes vous pouvez faire bouillir votre cerveau en 2 minutes, l'effet à long terme (quelques mois, voire quelques années) du réchauffement causé par le portable est certes mal connu, mais indiscutable! Des  études ont montré une élévation  de la  température  au  niveau  du  cortex (l’écorce cérébrale) de 1°C au bout de 20 minutes de conversation [2]. La seule différence notable donc avec le four à micro-ondes c'est l'intensité(nombre de photons par unité de temps) que vous recevez. Est-ce vraiment en la répartissant sur un long terme que vous serez protégé ? Car l'énergie des photons reste la même et donc les dégâts causés  sont semblables, mais en plus faible dose.

Une autre manière d’aborder, par la physique, l’influence des ondes sur la matière est le concept de travail optique. On peut définir celui-ci par analogie avec le travail électrique fourni par un courant (ou tension) constant(e). Une telle analogie se justifie par la similitude existante entre la puissance électrique et la puissance optique dont on vient de parler ci-dessus. Voici concrètement comment celle-ci se traduit par les équations. La puissance électrique P fournie dans un conducteur par un courant (ou tension) continu(e) s’écrit comme le produit de la tension E par le courant I :
P  = E . I. Il en est de même pour la puissance optique où le rôle de la tension électrique est joué par l’énergie optique et celui du courant par l’intensité optique (nombre de photons par unité de temps). Ainsi, devrait-il exister une similitude entre la notion de travail électrique et de travail optique. C’est le produit de la puissance par le temps : W = P . t. Comme on le voit clairement dans cette équation, en utilisant une puissance (énergie et/ou intensité) faible pendant une période suffisamment longue on obtient le même résultat qu’avec une puissance (énergie et/ou intensité) forte  pendant un  temps réduit. Prenons, par  exemple, deux taches  identiques  sur un mur que deux  personnes sont chargées de frotter. La personne qui frotte  plus "énergiquement" éliminera la tache plus vite que la personne qui met moins d’énergie, et gagnera donc du temps, mais au final le résultat sera le même (les personnes qui travaillent dans la restauration rapide et qui sont soucieux de gagner du temps le savent bien). Si cela ne tenait qu’à cette relation, la preuve du danger aura été fournie, puisque ça prouverait que même avec une puissance faible on obtiendrait des dégâts semblables à ceux causés par des appareils émettant des ondes électromagnétiques de puissance élevée seulement en mettant plus de temps. Or, il faut aussi tenir compte de la matière qui est exposée - notre corps. Tout  dépend de sa capacité à  réparer les dégâts causés. Là-dessus la  physique ne peut pas se prononcer, mais ce qui est certain d’ores et déjà c’est qu’on n’est pas tous égaux face à ce rayonnement.


Les ondes qui tuent

Pour ne pas rester dans  le flou, je vais vous donner encore quelques chiffres à méditer. La puissance lumineuse de tout le spectre solaire (ceci dit toutes les longueurs d'onde émises par le Soleil) par unité de surface est de l'ordre de 1350W/m² au-dessus de l’atmosphère [1]. A la surface de la Terre, il ne reste plus que 900W/m²= 0.09W/cm² qui est due à l’absorption essentiellement par l’ozone, le gaz carbonique et l’eau [1]. C'est bien sûr une moyenne, puisque cette valeur dépend de la latitude, de la position du Soleil par rapport au zénith, de la présence de nuages ou pas. A supposer que la  surface émetteur-récepteur du  portable (celle que vous collez à votre oreille plus l'antenne) ne soit pas plus grande que 10cm², on obtient une densité de puissance comprise entre 0.1W/cm² et 0.2W/cm² (en divisant la puissance des portables par 10cm²);  ce résultat doit encore être divisé par deux, car tout le rayonnement  n’est pas dirigé vers notre tête, mais  se disperse dans toutes  les directions - le  fait de poser le portable contre l’oreille divise l’espace qui se présente à l’antenne en deux. Cela donne 0.05W/cm² et 0.1W/cm² respectivement ce qui est du même ordre de grandeur que la densité de puissance du spectre solaire - 0.09W/cm² ! On sait qu’à certaines longueurs d’onde le rayonnement solaire est dangereux pour la peau et qu’il peut provoquer des mélanomes. Cela dit, toutes les personnes qui vont à la plage n’auront pas forcément un cancer de la peau (encore que c'est la cause de 7231 nouveaux cas de cancers en France pour l'année 2000 dont 3066 pour les femmes [3]). Il faut donc déterminer les populations à risque. Les enfants semblent être plus particulièrement sensibles aux ondes du portable [4]. Leurs os en pleine croissance sont plus fins que ceux des adultes et ceci est vrai aussi  pour la tête. Cela ne paraît pas déranger certains fabricants pour qui les enfants sont des clients comme les autres, après tout. Une enquête lancée en 1999, menée par un groupe d’experts indépendants et soutenue par le gouvernement britannique a mis en garde contre l’utilisation des portables par les enfants [4]. Le cerveau est constitué à  plus de 90% d'eau et les micro-ondes de votre portable agissent sur elle et donc sur tout ce qui est en suspension en elle : les hormones et  les anticorps, par exemple, dont une altération peut provoquer un disfonctionnement du système endocrine et une baisse de votre défense immunitaire, ne serait-ce qu'à court terme. Sans parler du danger que cela peut représenter pour les femmes enceintes et leurs futurs bébés dont l'organisme est fragile et en cours de formation !

Des travaux allemands et suédois les soupçonnaient de "perméabiliser la barrière hémato-méningée, système biologique qui assure les échanges ioniques entre le tissu nerveux et la circulation sanguine cérébrale" [5]. On peut lire également dans cet article bien illustré de Science&Vie qu'une "exposition aux micro-ondes comprise entre 0,1 et 0,3 watt par kilogramme de poids corporel augmente de 50% la perméabilité de la barrière hémato-méningée". On y apprend également que des expériences chez la souris ont déjà établi un affaiblissement de la défense immunitaire pour le virus de l'encéphalite (inflammation plus ou moins étendue de l'encéphale, qui se manifeste par des symptômes multiples - troubles de conscience, paralysies, crises convulsives, etc.). "La qualité des échanges (glucose, acides aminés, ions) au niveau du cerveau serait également modifiée, ce qui pourrait affecter le fonctionnement du système nerveux" [5]. L’effet thermique à long terme risquerait de léser l’ADN cellulaire et de provoquer des tumeurs cancéreuses selon Luc Verschaeve - un chercheur belge, dans un autre article de Science&Vie [6]. Mais les résultats des scientifiques sont systématiquement rejetés par les fabricants. Le cas du Dr. Henry Lai décrit dans le même article [6] est assez parlant des pressions qui s’exercent sur les chercheurs : « Ils me demandaient d’interpréter différemment mes résultats afin de les rendre plus favorables à la téléphonie mobile », se plaint le chercheur qui a décidé de ne plus se taire et de quitter son poste. Heureusement, tous n’ont pas vendu leur âme! En dehors des effets thermiques, pourraient survenir  des perturbations "subtiles" de l’activité électrique du cerveau - informations parues dans The Lancet du  25 novembre  2000 [7]. " Les portables émettent des  flashs de micro-ondes à des fréquences proches de celles des ondes alpha du cerveau", explique le Dr. Gérard Hyland de l’université de Warwick en Angleterre [7]. Il reste encore à étudier un certain nombre de pathologies potentielles comme la migraine ou l’acouphène (bourdonnement chronique dans les oreilles), les troubles de la concentration, la perte de la mémoire…

Jusqu’ici nous n’avons abordé que le danger potentiel lié à l’utilisation du portable, mais il reste aussi à discuter le problème des antennes relaies qui sont de plus en plus envahissantes dans nos villes et campagnes où de nombreuses gens se sont déjà mobilisées pour les faire interdire quand elles sont placées à proximité d’une école ou trop prés des lieux d’habitation. Tout de même, ce débat largement médiatisé ne doit en aucun cas éclipser le danger principal provenant du portable lui-même. La nouvelle technologie de portables UMTS portera la fréquence de fonctionnement des vos téléphones mobiles à 2200MHz ! Cela vous rappelle rien ?

A qui profite le vide scientifique?

On n’aura jamais assez de preuves pour démontrer de manière scientifique le danger des portables, a priori. La plupart des études menées manquent de suffisamment de recul ou ne prennent  pas en compte suffisamment d’utilisateurs intensifs. Le lobi des industriels et des scientifiques qui travaillent main dans la main avec eux est bien trop démesuré. La vente de portables génère un chiffre d’affaires colossal et des gens peu scrupuleux s’en frottent les mains. Ce n’est que lorsqu’un grand nombre de gens seront atteints de pathologies difficiles à prévoir encore que la preuve en sera enfin fournie. Il faut que le fameux «principe de précaution» qui avait existé à une époque lors de la gestion de la crise de la vache folle (autre victime industrielle) soit appliqué. Il  serait illusoire d’obtenir le retrait pur et simple de ce produit qui malgré tout peut se révéler bien utile dans certains cas, voire sauver la vie dans des cas extrêmes. Ce que de nombreux  gens  préconisent  est de faire apposer l’inscription  « pourrait  nuire à  la santé »  sur  tous  les portables  fabriqués  à partir d’une certaine date butoir et ce le plus tôt possible. Mais on pourrait imaginer aussi d’imposer une limitation dans les fréquences utilisées qui sera bien en dessous de celle choisie par les industriels qui mettent en avant la qualité de la transmission devant la santé publique. Pensez un peu à ceux qui prennent sans la moindre méfiance l’habitude de mettre le portable à leur oreille, inconscients du danger aussi hypothétique qu’il puisse  paraître : ce sont vos enfants !

            On ne l'a pas encore suffisamment dit: le portable risque de causer plus de dégâts que la catastrophe nucléaire de Tchernobyl dont on n'est pas encore tout à fait en mesure de prédire les conséquences à long terme, dix-sept ans après. Combien y aura-t-il de plaintes l'année prochaine? Combien encore paieront un lourd  tribut à l'ogre  mangeur d'hommes de nos contes d'enfance, notre pire ennemi à nous tous :  l'ignorance!!

Quant à moi, je devrais en prendre un bientôt sous la pression de mon entourage et pour des raisons professionnelles. Cependant, j'évite, tant que c'est possible, d'appeler mes amis sur les leurs. J'espère qu'ils me comprendront!


                                                                                                   Daniel MILEV




[1] Henry Mathieu - « Physique des semi-conducteurs et des composants électroniques », 1998
[2] Selon un rapport de la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation
[3] Rapport sur www.sante-gouv.fr/
[4] Olivier Fermé - « Téléphones mobiles : les britanniques adoptent le principe de  précaution
     pour les enfants » (La Lettre de l’Internet) disponible sur http://telephone.mobile.online.fr/
[5] Pierre Rossion - « Portables : l'alerte sonne »    Science&Vie, n°987 - décembre 1999, p.40
[6] Pierre Rossion - « Portables - à consommer avec modération »  Science&Vie, n°979 - avril
     1999, p.80-84   
[7]Hervé Levano -  « Téléphones portables : à consommer  avec modération ? »  (Doctissimo)