Zeitgeist
par Daniel Milev
Il
est rare de regarder un film qui choque et qui provoque autant la
conscience ! Pour les plus jeunes, ça sera sans doute l'occasion
de perdre beaucoup de leur naïveté sur le monde dans lequel
ils croient se trouver. Pour les plus chevronnés, ça sera
une redécouverte d'un thème longtemps exploré sous
tous azimuts, mais qui continue sans cesse à
révéler avec de plus en plus d'intensité son
côté macabre, insidieux, morbide. Conspiration mondiale ou
non ? L'un des arguments les plus forts à l'encontre de
l'idée de la conspiration au niveau mondial est qu'une telle
entreprise ne peut réussir. Cependant, si nous sommes certains
de la santé d'esprit des gens qui pensent de cette
manière, pouvons-nous dire autant de ceux qui possèdent
des fortunes suffisantes pour pouvoir décider
d'évènements à l'échelle mondiale, qui
peuvent mettre à genoux n'importe quel Etat dans le monde par
les leviers financiers entre leurs mains ? Est-ce que ces gens se
rendent vraiment compte que leur cause est perdue d'avance, est-ce
qu'ils se priveraient de la possibilité de gagner encore et
encore plus d'argent, et du pouvoir, uniquement pour éviter que
des gens se fassent tuer ou crèvent de famine quelque part dans
le monde ? Rien n'est aussi incertain... Zeitgeist est l'Esprit du
Temps. Peut-être en croyant maîtriser, voire imposer aux
autres, cet Esprit certaines personnalités de grande influence
croient pouvoir gouverner le monde.
Le
film est divisé en trois parties. La première concerne la
religion chrétienne. Jésus était-il un personnage
historique ou non ? La Bible
est-elle une simple compilation de textes et de croyances anciens
posant les bases de l'Eglise sur un mythe mensonger ? Si la
démonstration sur la continuité entre religion
égyptienne et chrétienne ne laisse aucun doute, ce qui
paraît logique puisque les juifs ont connu un passage en Egypte
à l'époque de Moïse, à en croire la Bible, la
question de l'existence de Jésus en revanche est traitée
sans aucune finesse, à la manière des cowboys. Le but
étant de prouver un mensonge, les auteurs passent à
côté de bien de questions importantes. Sur environ une
trentaine d'Evangiles connus à ce jour relatant les faits, les
gestes et les paroles de Jésus, seulement 4 ont servi de base
à l'écriture du Nouveau Testament. Les autres ont
été déclarés apocryphes par l'Eglise.
Pourtant, ces derniers donnent une image très différente
de Jésus, une image en contradiction avec le dogme
instauré, une image en effet très gnostique ! Le mythe,
comme on nous explique dans le film, est une idée qui,
même si elle est généralement reconnue pour vraie,
est fausse. C'est bien là que réside la différence
fondamentale entre la culture européenne et la culture
américaine - le rapport à la vérité. Aux
Etats-Unis il faut qu'un tribunal se prononce pour déclarer que
le Père Noël a un vrai rôle d'utilité et de
reconnaissance sociale pour que le fait de parler de lui ne soit pas
considéré comme un mensonge. Au-delà de
l'immaturité apparente de cette société
américaine, les auteurs du film se limitent donc à
évacuer la question de la vie de Jésus en
déclarant le mensonge de son existence et en présentant
lui et la Bible comme un hybride astrothéologique et
littéraire. Cela marche pour les américains, c'est
d'ailleurs essentiellement fait pour eux. Mais cela ne suffit pas pour
les européens. Evidemment, la question de l'existence de
Jésus se pose chez les jeunes, cependant celle-ci laisse
progressivement la place au contenu de son message, question non
abordée dans ce film. Le mythe pour les européens est
fondateur. Si nous nous déclarons européens c'est parce
que nous partageons tous des valeurs communes et la foi en fait partie.
Que nous soyons protestants, orthodoxes ou catholiques, nous sommes
tous chrétiens et nous avons défendu ces valeurs à
la pointe de nos armes face à des peuples dont la foi
était différente. En ce sens, Zeitgeist soulève
pour nous davantage de questions qu'il n'apporte de réponses. Si
notre culture européenne est basée sur les valeurs
communes de la chrétienté, l'entrée de pays
musulmans, comme la Turquie par exemple, ne risquerait-elle pas de
remettre en cause notre projet commun d'une Europe unie et de
l'affaiblir, et n'est-ce pas le but recherché par ceux qui
soutiennent son adhésion ? De quelle manière notre
culture est-elle influencée par le judaïsme et les
anciennes civilisations telle l'égyptienne ? Est-ce que
Jésus est vraiment celui que l'Eglise veut nous
présenter, et au lieu de réduire à néant
son existence, ne pourrait-on pas redécouvrir son vrai message
vers nous ? Rappelons-nous le logion 3 de l'Evangile de Thomas, un
Evangile déclaré apocryphe justement :
"Jésus
disait :
si ceux qui vous guident affirment :
voici, le Royaume de Dieu est dans le ciel,
alors les oiseaux en sont plus près que vous ;
s’ils vous disent :
voici, il est dans la mer,
alors les poissons le connaissent déjà…
Le Royaume : il est à l’intérieur de vous,
et il est à l’extérieur de vous.
Quand vous vous connaîtrez vous-mêmes,
alors vous serez connus et vous connaîtrez
que vous êtes les fils du Père, le vivant ;
mais si vous ne vous connaissez pas vous-même,
vous êtes dans le vain,
et vous êtes vanité."
Ces
paroles renouent avec celles d'Orphée prononcées 1200 ans
plus tôt : "Connais-toi toi même et tu connaîtra
l'Univers et les Dieux". Les Anciens Grecs ont repris cette formule en
faisant une tentative de la vicier : "Connais-toi toi même,
laisse le monde aux Dieux". C'est l'inscription sur le fronton du
Temple d'Apollon à Delphes. Conscient de cette mainmise sur la
liberté des gens en utilisant la religion comme un instrument
d'Etat pour maintenir le peuple soumis et docile, Socrate
rétablit la vérité en reprenant les paroles
d'Orphée. A la lumière de ses références
historiques l'on comprend mieux que bien avant Jésus et le
monothéisme, il y avait déjà une lutte
acharnée entre une minorité soucieuse de gouverner la
majorité des gens en se servant de la religion entre autre
choses comme outil. C'est pourquoi personne ne s'étonnera du
fait que l'Eglise ait voulu cacher ou rejeter comme fausses les paroles
de Jésus où il affirme que le divin est en nous, que nous
n'avons qu'à le chercher et à le découvrir par
nous mêmes, et surtout que notre rapport à lui doit
être direct. Or, l'Eglise veut se placer comme
l'intermédiaire entre notre conscience et notre esprit divin
d'où elle tire son pouvoir. Elle joue de ce fait le rôle
du marchand, un marchand de la conscience et de la morale.
En
somme, la vérité sur Jésus se révèle
être beaucoup plus gnostique. Il ne fait aucun doute que le
gnosticisme est de retour, plus fort que jamais, et cette fois-ci
l'Eglise ne pourra le combattre efficacement, faute de pouvoir
réinstaurer l'Inquisition. Nous sommes à la fin de
l'ère de Jésus, comme il est expliqué clairement
dans le film, et avant la fin, le faux Jésus sera détruit
et le vrai sera rétabli. Une nouvelle époque
débutera ensuite.
Nous
pouvons en dire encore très long sur la question, mais ce n'est
pas le but de cet article. Nous aurions aimé que nos amis
américains abordent une question aussi fondamentale avec plus de
sérieux et peut-être que cela aurait dû prendre un
film tout entier plutôt qu'une seule partie dans laquelle on
s'efforce à évacuer Jésus dans le siphon. Les
vérités révélés dans Zeitgeist sont
des arbres qui cachent une forêt.
La
seconde partie est sans aucun conteste la plus choquante dans ce film.
Même les personnes les plus averties sur les machinations d'une
partie de la classe dirigeante aux Etats-Unis et qui sert les
intérêts d'un cercle de personnes très sectaire
seront ébranlés. Car ce sont les témoignages des
personnes dans les deux tours du World Trade Center, au moment des
crashs et après, qui seront présentés. Des
scènes du film prémonitoire "Network"(1976) - un film
à regarder absolument, avec Peter Finch sont bien
intercalées. C'est toujours choquant lorsque l'on assiste
à la mort en "direct" de personnes et les metteurs en
scène dans l'ombre de ce spectacle macabre se sont bien
arrangés pour en mettre plein la vue au monde entier. Ces
pauvres gens ont-ils eu le temps de réaliser ce qui leur est
arrivé ? Pourquoi ? Nous sommes loin des films d'action ricains
genre "Piège de cristal"(1988) où l'on voyait Bruce
Willis sauter du toit d'une tour ceint par un tuyau d'extinction et qui
pénètre à travers les vitres plusieurs
étages plus bas. Là ce sont des gens ordinaires qui se
croient peut-être l'élite financière des Etst-Unis,
si ce n'est du monde entier, mais des gens ordinaires tout de
même. Ils ne sautent pas attachés à un tuyau. Ils
sautent tout court, pour de vrai, avec une veste en guise de parachute.
Mis dans une situation extrême à laquelle personne ne les
a jamais préparés dans leurs grandes Ecoles, leur
solution paraît ridicule et complètement à
l'opposé de la puissance financière qu'ils affichent au
quotidien. L'humain réapparaît subitement derrière
le masque, juste avant la fin. Néanmoins, ce ne sont pas les
morts qui sont à plaindre, ce sont bel et bien les vivants.
Qu'avons-nous retenu de cette histoire ? A quoi tout cela nous a-t-il
servi ? S'il y avait des personnes qui doutaient de l'implication de
personnalités malveillantes du gouvernement américain
dans cette affaire ignoble, il est fort probable que leur nombre
diminue de manière drastique après avoir regardé
ce film. Voilà son plus grand mérite.
La
troisième partie du film n'est pas en reste. Les relations entre
le régime nazi du siècle dernier et les grands banquiers
internationaux, dont la plupart sont juifs, sont des plus scandaleuses.
Cependant, on n'y pose pas un certain nombre de questions qui sont
logiques et fondamentales. Si les nazis avaient besoin de ces
financements par les banquiers, à quel point en
étaient-ils dépendants et dans quelle mesure ces
"bienfaiteurs" avaient eu la possibilité d'empêcher les
crimes commis contre des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ? Il
ne fait aucun doute, car c'est un fait déjà bien
établi, que certains de ces familles de banquiers revendiquaient
depuis longtemps la création d'un Etat juif sur l'endroit
historique où il se trouvait jadis. Ils avaient eu la
possibilité de le créer ailleurs et plus tôt,
cependant ils y ont renoncé. Aussi pouvons-nous à juste
titre les appeler des sionistes. Ils n'étaient évidemment
pas les seuls à le vouloir, mais combien d'entre les juifs
ordinaires, non fortunés, le voulaient vraiment et sont capables
d'en faire autant que ces banquiers dont le pouvoir semble immense et
fait des frissons dans le dos ? Si ces individus ont laissé des
millions de personnes mourir pour voir leurs revenus augmenter en
vendant des armes aux deux camps belligérants, s'ils ont permis
le bombardement de Londres grâce à un additif de carburant
en leur possession dont les avions allemands avaient besoin pour voler
et dieu sait quoi encore, pourquoi se seraient-ils privés d'une
telle opportunité pour imposer à la communauté
internationale la création de l'état d'Israël en
laissant des centaines de milliers, voire peut-être des millions
parmi les leurs se faire exterminer par le régime nazi au nom de
leur cause sacrée ? Après tout, avons-nous une raison
valable de croire que tous les juifs partagent le rêve le plus
stupide qui soit au monde : celui de le gouverner ? Ne peut-on pas
admettre que la très large majorité d'entre eux
s'opposent à ces individus sans scrupules pour qui la valeur de
la vie humaine ne pèse pas face au poids de l'or ? Il est fort
probable que ce soit le cas et même que ces banquiers ne se
soucient guère de la vie de ceux parmi les leurs qui ne pensent
pas comme eux.
Lorsqu'on
critique les banquiers dans cette partie du film, on semble oublier que
les capitalistes à leurs débuts avaient deux obstacles
majeurs : la monarchie et l'Eglise. Les deux possédaient des
biens et des privilèges dont les bourgeois non aristocrates -
futures capitalistes, voulaient également pouvoir jouir. La
révolution en Angleterre, en France, aux Etat-Unis et en Russie
en leur ont fourni l'essentiel. Si la monarchie fut
éliminée et intégrée en partie grâce
aux loges des Massons, qu'en est-il de l'Eglise ? Même si elle
possède certainement ses moutons noirs et des scandales ne
tarderont pas à éclater, ne continue-t-elle pas à
être un obstacle malgré elle même au grand capital
tout en faisant partie intégrante de lui d'ailleurs ? Les
auteurs du film semblent être persuadés que l'Eglise est
aux mains de ces personnes très influentes qui décident
de l'Esprit du Temps, sans développer le comment et le pourquoi.
Ils ne nous disent rien non plus sur la nature des croyances que
partagent justement ces banquiers et notamment les loges des Massons
qui sont sans doute à leurs pieds. Il faudrait donc prendre avec
une certaine précaution la révélation de la
vérité dans ce film.
Zeitgeist
se termine par une très belle sentence : "...il s'agit d'un
choix, celui entre la Peur et l'Amour." Peu de personnes sont capables
de comprendre pourquoi à la place de la "peur" il n'y a pas la
"haine", par exemple. Cependant, c'est une question fondamentale qui ne
pourra pas être abordée ici...
Pour
résumer, Zeitgeist laisse beaucoup de questions en suspens, mais
pour les gens qui aiment bien chercher les réponses tout seuls
c'est sûrement un avantage. Pour les autres, si jamais ce film
les intéresse, une seconde partie est en préparation pour
la fin de 2008, peut-être apportera-t-elle davantage
d'éclaircissements ou bien encore plus de questions.
Regarder
Zeitgeist en ligne
Vous pouvez également visiter la page du site officiel du film
sur : http://www.zeitgeistmovie.com/
juillet 2008
