Septième sens
par Daniel Milev


Depuis le plus jeune âge, les filles développent une conscience de l'attrait, du magnétisme, de leur apparence, ce qui détermine leur rôle de séductrices, à savoir mettre en avantage leur physique. Elles se maquillent par imitation des plus grandes, elles dansent, elles bougent beaucoup en jouant de leur corps. Elles prennent conscience que le corps féminin plaît aux garçons et elles apprennent à en jouer. Lorsqu'elles ont la chance de constater, en se comparant aux mannequins à la mode, qu'elles n'ont rien ou très peu à leur envier physiquement, le désir intime de se valoriser à travers leur corps en le dévoilant les gagne entièrement. Pour les filles, ce serait vraiment réaliser un rêve secret que d'avoir une occasion de montrer leur physique avantageux au plus grand nombre. Pour les plus jeunes, c'est aussi une manière d'affirmer leur personnalité et de montrer qu'elles peuvent se mesurer déjà aux autres dans la cour des grandes. Elles veulent conquérir les cœurs des gens, des hommes, par la beauté que la nature leur a offert. Cependant, elles ne voudraient pas qu'on les considère comme des filles "légères" et "faciles", d'où également leur réticence à voir quelque chose de malsain dans le fait de dévoiler leur corps.

Les garçons ont eux aussi conscience de l'attrait de leur physique sur les filles. Vous les avez déjà vus en train de se battre joyeusement entre eux : c'est l'exhibition de leur force et de l'agilité de leur corps. Cela peut s'exprimer dans la pratique d'un sport, comme le football, où l'on prend du plaisir à frapper virilement dans le ballon pour tester, mais également pour faire l'étalage de, sa puissance, aussi bien à ses petits camarades qu'à la gente féminine qui n'est pas toujours au rendez-vous, mais dès que l'occasion se présente. Les garçons aiment flamber, se pavaner, frimer, rouler des mécaniques. Ce qu'ils adorent c'est se valoriser à travers d'objets de leur possession que leurs parents leur ont offert ou discuter de détails techniques de voitures qu'ils ne possèdent pas, comme s'ils voulaient montrer non seulement leur bon goût et leurs compétences, mais encore faire miroiter le rêve d'un avenir prometteur où ils pourraient possèder un de ces "bijous".

Toute cette panoplie utilisée par garçons et filles n'a qu'un seul but : se valoriser pour plaire, pour séduire, pour impressionner. Le désir de séduction mène à l'utilisation par l'esprit de petites ruses pour attirer l'attention sur soi, pour satisfaire à son ego, voire seulement pour tester son pourvoir de séduction, comme un enfant de toujours. Afin d'y arriver, l'esprit commence à mettre en place des stratagèmes, la pensée devient plus élaborée. Cependant, si cela est une preuve de l'évolution de l'intelligence, il serait prématuré de conclure à un comportement positif. Une chose semble être acquise, c'est une étape incontournable du développement de la personnalité de chacun, mais combien elle devrait durer et avec quelle intensité elle devrait prédominer est une question qui reste à débattre. Il s'agit bien d'un narcissisme profond hérité depuis la plus tendre enfance et qui incite à la manipulation.

La manipulation commence dès les premières années de notre vie alors que nous sommes encore nourris au biberon. Le petit enfant s'arrange toujours pour attirer l'attention de ses parents sur lui et ce même sous le regard jaloux d'un frère ou d'une sœur. Mais alors qu'il suffit de se mettre à pleurer ou à crier pour faire venir ses parents, ce chantage ne marchera que jusqu'à un certain temps et se révèlera inutile dans le cercle amical. C'est peut-être cela qui nous amène à réfléchir et à développer d'autres stratagèmes, plus élaborés, afin de s'attirer les faveurs de ceux qu'on apprécie. Quoi qu'il en soit, c'est une étape qui semble être incontournable de notre développement intellectuel. Cependant, beaucoup conservent jusqu'à un âge très avancé cette nature manipulatrice. Elle se transforme en un mode de vie et témoigne d'une nature profondément narcissique. Certaines gens n'arrivent jamais à s'en débarrasser de leur vie, d'autres y retournent après y avoir échappé pendant des années. Cette nature narcissique les maintient dans un comportement arriéré proche de celui de l'adolescence, même lorsque il s'agit de personnes ayant eu la majorité depuis longtemps. La recherche de la preuve de l'amour, de l'affection ou de la jalousie de quelqu'un que l'on apprécie devient alors la seule justification de tous ses actes quitte à créer les situations les plus embrouillées possibles, voire à vexer celui-ci ou à faire éclater sa relation avec lui lorsqu'on croit ne plus espérer grande chose de cette dernière. Car, à ce moment, la seule chose qui compte c'est d'obtenir la consolation que l'autre a au moins éprouvé quelques sentiments, quelque chose auquel on a envie de s'acrocher comme un naufragé à une paille en plein océan lorsque le bateau de l'amitié a chaviré au large et qu'on est devant un constat d'échec. Une autre forme de manipulation est celle de jouer sur les peurs de la personne visée. Cette manipulation est particulièrement insidieuse non seulement parce qu'on essaie de réveiller en elle un instinct de saint-bernard afin qu'elle manifeste son attachement, mais aussi parce que l'on veut la pousser de cette façon à faire ce que l'on attend d'elle. Il faut être particulièrement vigilant à ce type de manipulation surtout en début de relation, car on est beaucoup plus ouvert vers l'autre à ce moment-là. Certains s'imaginent qu'ils sont capables de mener par le bout du nez quelqu'un d'intelligent en jouant du batôn et de la carotte. C'est une vieille méthode utilisée aussi bien pour dresser, que pour gouverner, diriger. Il s'agit de fonctionner sur le principe de la récompense / punition (félicitation / blâme). La victime est sensée vouloir cumuler que les récompenses pour décrocher la lune. C'est extrêmement facile de s'en tirer en faisant exprès de cumuler que des points négatifs pour se donner toutes les occasions possibles de se soustraire au joug qu'on essaie de nous mettre.

Une autre étape du développement naturel de la personnalité humaine lié à une complexification de la pensée survient à l'adolescence. La redecouverte de son corps est une occasion de remettre en cause ses idéaux d'enfance et de recentrer ses intérêts autour de critères plus concrets de choix comme des affinités physiques, des profils de caractères, voire des moyens pécuniaires. L'importance accordée au corps reste malgré tout prédominente. Dans la recherche de séduction en usant du charme, le corps devient un instrument de la manipulation, héritage de l'enfance. Bien souvent, par imitation des images publicitaires, qui n'hésitent plus à communiquer sur l'érotisme pour déclencher un comportement impulsif et de consommation, ou par pure provocation, les ados et les post-ados* s'habillent de manière à titiller la libido, aussi bien celle des autres que leur propre. La recherche consciente de se valoriser à travers son corps découle en partie du désir d'exercer un pouvoir sur les autres. Pourtant, ce pouvoir fait également peur, car il n'attire pas toujours ceux qu'on souhaite et les conséquences d'un dérapage pourraient coûter cher. Mais n'est-ce pas justement parce qu'on ne se sent pas toujours confient(e) en soi que l'on cherche à se prouver que l'on peut arriver à maîtriser son environnement en manipulant les autres ? Donc, ce pouvoir apporte également de l'assurance. Que gagne-t-on vraiment, qu'est-ce qu'on y perd ? Jusqu'où est-on prêt à aller ? Chacun(e) fait ses calculs. Un véritable changement de la pensée survient lorsqu'on arrive à remettre en cause ses rêves d'enfance et que l'on délègue en quelque sorte au corps le dictat qui était autrefois celui du cœur. Les grands sentiments romantiques sont peu à peu remplacés par des envies de plaisir physique. On se pose alors la question : qu'adviendra-t-il si la personne de notre choix n'est pas forcément le model de beauté dont on a toujours rêvé ? Et si au lieu d'avoir une relation de longue durée avec quelqu'un que l'on connaît bien et qui nous aime, on s'abandonnait spontanément à une envie de plaisir sexuel avec un(e) inconnu(e)? Ce que ce mode de pensée laisse miroiter c'est la séduisante idée que l'herbe est peut-être plus verte ailleurs et que l'ami(e) que l'on aime un peu, mais qui semble davantage nous étouffer, a quelque part son équivalent en mieux, sans les inconvénients. Eprouver du plaisir en brisant son rêve d'enfance, en avilissant l'image positive et impeccable que l'on a de soi-même ou de quelqu'un d'autre, donne l'impression d'une expérience emotionnelle beaucoup plus forte que n'importe quel autre fantasme. Que l'on le veuille ou non, la perversion est une conséquence directe d'une défaillance du raisonnement ou d'un écart comportemental suite à la remise en cause de ses idéaux, qui elle-même est une étape quasi-incontournable du développement de la personnalité de chaque individu. Très peu sont ceux qui y échapent réellement, si ce n'est personne. Le comportement pervers fait un peu peur, car on ne sait jamais comment il sera vu par les autres. Dans sa recherche de comprendre ou de trouver une justification de ce nouveau comportement, l'être humain se réfugie derrière l'idée qu'il est un animal. On comprend mieux alors que le discours de ceux qui défendent l'industrie du sexe tourne beaucoup autour de ce thème en essayant même de prouver que le sexe pour le plaisir est une invention de l'homme et est donc un acquis de la civilisation. Néanmoins, tel est le cas de tous ceux qui sont plus ou moins conscients de leur perversion et qui cherchent à la justifier. Certains étudiants en premier cycle, par exemple, se plaignent que l'enseignement de la biologie à l'université est trop mécaniste et que cela tue l'émerveillement qu'ils ont pu avoir au lycée pour cette matière. Les enseignants s'en défendent en disant que ce n'est pas leur manière d'enseigner qui est en cause, mais que ce sont les jeunes eux-mêmes qui interprètent de cette façon leur enseignement. La vérité est peut-être quelque part au milieu. Les jeunes qui découvrent leur perversion cherchent à la justifier d'une certaine manière, car ils en sont honteux et confus, et ils se rendront bien vite compte que ça les arrange de croire que nous ne sommes rien d'autre que des animaux. D'un autre côté, pas mal d'enseignants avoueront qu'ils considèrent réellement l'être humain comme un animal d'un point de vue scientifique, ce qui laisse une empreinte indéniable sur leur manière d'enseigner. Cela a des conséquences graves sur le comportement des jeunes. Lorsqu'une fille succombe au charme envoûtant de son corps, elle décide qu'il est fait pour l'amour, pour être aimé. C'est une conséquence d'un défaut de raisonnement, probablement provoqué par son narcissisme profond, qui inverse les rapports entre le spirituel (relevant du rêve d'enfant) et le corporel (objet d'une attention nouvelle et particulière) et qui la fait basculer ainsi dans la perversion. Mais la question du choix du partenaire se révèle anguleuse. Qui mériterait de pouvoir se vanter de posséder toute cette beauté qu'on lui offrira si jalousement et qu'il ne tardera pas à avilir bêtement ? La réponse la plus fréquente est qu'aucun garçon ne le mérite ou très peu. Peut-être celui qu'on aime, mais est-il vraiment le meilleur choix ? Certaines filles s'orientent naturellement vers des garçons qui manquent de l'assurance en eux et qui ont plutôt l'air désintéressés, car pour elles il est primordial de sentir maîtriser leur vie en choisissant elles-mêmes leur compagnons et de ne pas avoir l'impression qu'on leur met la main dessus. Dans le cas général, les gens admettent pour logique que l'attitude la plus adéquate est celle de s'attacher à son sentiment de liberté personnelle - n'appartenir à personne, ce qui devient par la suite une philosophie de vie derrière laquelle on se protège des critiques, et qui attise en réalité la perversion. Car on a envie désormais de se complaire dans des relations libres, sans aucun engagement, afin de profiter d'une certaine manière de ceux qu'on rencontre, sans être véritablement à eux pour autant. L'envie de relations sexuelles est liée alors uniquement aux besoins de réaliser un fantasme particulier, sans aucunes autres complications d'odre sentimental. Le fait de ressentir le désir très fort d'une autre personne peut se révéler à ce moment déterminant pour le passage à l'acte, qui est le plus souvent de nature impulsive, sur un coup de tête. On choisit alors, plus ou moins consciemment, quelqu'un qui satisfaira au mieux à notre fantasme pervers. Il n'est pas rare que les filles, par exemple, fantasment sur des hommes en uniforme, car ils sont supposés être "en manque" et donc avoir un désir très fort, ce qui prédispose tous les deux à passer à l'acte. Considérer l'être humain comme un animal apporte la justification de cette attitude. Et la déception, qui serait pour plus de la moitié des premiers rapports sexuels des filles, justifie la multiplication des expériences avec d'autres hommes. C'est ce que les hommes veulent au fond : profiter des avantages d'une fille qui ne souhaiterait aucune complication et avoir la liberté d'en changer à tout moment sans prise de tête, puisqu'en réalité la fille n'est pas amoureuse d'eux et a sa propre liberté. Dans leur aspiration à la libération, les femmes ont adopté le mode de vie de l'homme, son attitude et ont accepté sa perversion. C'est ce rêve masculin qui transparaît très bien à travers l'art cinématographique et qui semble dicter le comportement des gens. Tout le monde aurait dû y être gagnant, or c'est plutôt le contraire et nous le détaillerons par la suite. Les hommes et les femmes qui développent un sentiment de liberté exagéré et proche de la psychose**(dans ce cas, de la paranoïa) sont aussi victimes de la perversion. Dans une société humaine plus évoluée que la notre cette remise en cause du rêve d'enfant qui semble être justifiée et constructive de l'individu ne devrait point durer ou du moins se traduire par un passage à l'acte spontanné (impulsif) en dehors de son intimité. Tel n'est pas le cas actuellement, car la perversion a pénétré également dans les rapports socio-professionnels.

Nous vivons dans des ploutocraties et des gérontocraties, c'est-à-dire que le pouvoir y est détenu par les plus riches et les plus âgés. Les jeunes sont leur main d'œuvre courante et ils sont là pour qu'on les fasse culpabiliser lorsque les vrais responsables (hommes politiques, chefs d'entreprises) ne prennent plus leurs responsabilités. La population en France est fortement vieillissante : c'est le résultat de la baisse de la natalité et de la dislocation des relations familliales. Une étude de la distance hiérarchique au sens de Hofstede(1994) montre qu'en France elle est assez grande ce qui signifie que les Français ont beaucoup de difficultés à aborder leur supérieurs. Ils sont soumis à une énorme pression, surtout dans le secteur public où le travail est assorti de nombreux privilèges et où la peur de perdre son emploi crée un stress surhumain. Le désir de s'élever dans la hiérarchie provient souvent de celui d'atteindre et d'exercer un pouvoir sur les autres qui tient leur sort entre les mains, et à la bonne volonté, de celui qui détient ce pouvoir. La situation est analogue dans le privé puisque le chômage est devenu endémique dans le pays et l'on a même entendu des hommes du gouvernement parler d'un taux de chômage incompressible et normal qui serait de l'ordre de l'actuel, et ce après avoir fait des promesses électorales de le réduire. Ce n'est sans doute pas un hasard que les Français sont les plus grands consommateurs de psychotropes dans le monde, cependand la pillule est parfois dure à avaler. Alors les jeunes fument de l'herbe et ils sont des centains de milliers à le faire plus ou moins régulièrement. C'est illégale. La France préfère faire culpabiliser et mettre hors la loi sa jeunesse, car la légalisation serait une mesure trop impopulaire aux yeux des gens qui dirigent véritablement le pays. Dix pour cent des étudiants boivent de l'alcool régulièrement et pas uniquement pour faire la fête, mais parce qu'ils dépriment. Neuf pour cent des étudiants avouent avoir eu une pensée suicidaire lors de l'année précédente(2004/2005) - sur une population totale de près de deux millions d'étudiants en France cela représente 180 000 personnes. Ceux qui dirigent nos sociétés humaines sont des marchands et y imposent la logique marchande. Les marchands ont besoins de développer et de maintenir l'esprit de consommation. Ainsi, lorsqu'un jeune arrive pour une raison ou une autre à remettre en question ses idéaux, il se retrouve happé et piégé par la machine de la consommation faite pour inciter au comportement impulsif et privé de réflexion. Cette période de doute, qui est normale tant qu'elle ne dure pas et qu'elle est traversée entièrement dans la réflexion (la non action créative et constructive), se trouve de cette manière artificiellement prolongée et entretenue bien au-delà de ce qu'elle n'aurait dû. Pire, elle devient un mode de vie que l'on n'a pas choisi, contrairement à ce que l'on s'imagine, mais qui nous est imposé par le conditionnement opéré à travers les médias, la publicité, les clips musicaux, qui communiquent exclusivement sur l'érotisme du corps, l'art cinématographique, y compris l'industrie du sexe. Il a trouvé sa place aussi dans la littérature d'une certaine manière et bien sûr sur Internet où l'on n'hésite pas à attirer les badauds par des slogans qui choquent la décence, mais qui sont très révélateurs de la manière dont s'exprime la perversion dans la conscience masculine. Une des plus grandes arnaques intellectuelles du siècle précédent est d'avoir fait croire que la débauche sexuelle est une révolution. Ainsi, on a pu justifier la perversion comme une évolution de la pensée et un acquis de la civilisation par rapport au monde animal, alors que ce n'est qu'une aberration issue d'une étape brève de notre propre développement intellectuel qui est une sorte de recul - la remise en question d'une volonté enfantine finalement positive, même si naïve, et qui permet de mieux avancer par la suite. Cette remise en cause devrait mener tout droit à la pré-sagesse, le monde dans lequel on fait un long apprentissage de la responsabilité. Cependant, il arrive souvent, lors de cette période de doute, que l'on tombe dans le travers de la perversion. Si on l'accepte dans sa vie, on peut s'y trouver piégé pendant de longues années. Plus la période de doute est allongée, plus la probabilité de tomber dans la perversion est grande. C'est en cela que consiste l'effet pervers de la publicité et d'autres sources incitant au comportement impulsif et au laisser-aller. Comme vous pouvez le constater, la perversion déchire non seulement le tissu social en créant un gouffre entre jeunes et anciennes générations, en empêchant la famille de se créer tôt, et les femmes d'avoir leurs premiers enfants avant 30 ans, mais elle devient également la motivation la première pour s'élever dans la hiérarchie, car elle donne l'impression d'atteindre un pouvoir où tous les fantasmes sont permis. La perversion dans les rapports socio-professionnels est d'origine purement sexuelle.

Dans la recherche d'une indépendance financière qui leur donne un sentiment de liberté, certaines femmes refusent non seulement de jouer leur rôle de mères, mais transforment parfois leur corps en marchandise. Elles deviennent plus animales et instinctives, même si elles pensent la même chose de l'homme, et ce dernier se voit parfois amené à rentrer dans le rôle d'un père qui leur a manqué à cause du grand nombre de familles monoparentales dont elles sont souvent issues. Certaines d'entre elles recherchent plus ou moins consciemment le père, mais également l'amant, l'homme expérimenté, pour ce qu'il peut leur apporter et pour ce qu'il est, leur complémentaire, à savoir tout ce qu'elles ne sont pas. Elles éprouvent un besoin vital de se sentir aimées par un homme et sont prêtes à tout pour en obtenir la preuve, même au prix de faire voler en éclats leur relation parce qu'elles reproduisent inconsciemment leur amour non partagé avec leur père abscent dont elles espèrent toujours l'affection. Parfois, elles sont engagées dans une logique de revanche sur les hommes et cela les rend difficiles à gérer et à supporter par moments. Au fond d'elles-mêmes, elles cachent toujours la haine qui les aveugle et tant qu'elles n'arrivent pas à l'apaiser elles ne pourront pas faire le pardon salvateur qui les libérera du poids qui les empêche de prendre leur envol et leur permettra enfin de mener une vie normale. Elles n'assument pas du tout les critiques qu'on peut leur adresser, même si elles sont très justes, car elles sont foncièrement immatures et ne savent pas maîtriser leurs frustrations, ce qui les rend agressives. Or, soit l'homme, qui a vraiment envie de fonder une famille (l'oiseau rare, quoi !), n'est pas prêt à assumer la tâche de les gérer, soit il n'a ni besoin ni envie que sa compagne soit aussi sa fille. Les seuls qui en ont envie sont en général assez âgés, car ils voudraient bien avoir une petite jeune à leurs côtés. D'où en partie un grand décalage et un croisement de générations qui n'empêche pas le gouffre d'exister entre elles. Il est évident qu'on entre ainsi dans des rapports de force qui enlèvent le côté humain d'une relation et rendent l'ambience glauque. D'un autre côté, ceux parmi les hommes qui sont véritablement prêts à assumer la vie de couple ne sont pas très nombreux, car ils se complaisent dans la perversion et attendent que les filles y succombent aussi pour en profiter. Cela les maintient dans un comportement arriéré. La plupart pensent juste à tirer leur coup et à se sauver dès que ça commence à leur prendre le chou, car eux aussi sont foncièrement immatures. Voilà qui crée déjà chez les filles une véritable psychose. Elles ne veulent plus être déçues et passer pour des poires. Elles ne veulent plus montrer des faiblesses sentimentales ni même perdre la face devant un homme. On les comprend bien et on ne peut ni le leur reprocher ni leur en vouloir. Cependant, le prix qu'elles paient en renonçant à leur rêve (en acceptant les rapports pervers) est démesurée et cela prend l'air plutôt d'une autoflagélation ou d'une complaisance perverse à s'autodétruire. La plupart des filles commencent leurs premiers rapports sexuels justement par pure perversion parce qu'elles veulent qu'il se passe enfin quelque chose ou alors parce qu'elles ont accepté tacitement celle de leur partenaire. Beaucoup de filles qui sont amoureuses (le réciproque pour les garçons est vrai aussi), sont prêtes à accepter de coucher avec l'homme qu'elles aiment uniquement dans l'espoir de le garder. Elles ne font que reproduire inconsciemment un principe utilisé comme argument de vente : l'essayer c'est l'adopter, c'est-à-dire qu'elles espèrent le fidéliser en quelque sorte par le sexe. Cela révèle bien leur esprit fortement conditionné. Et bien souvent, malheureusement, cela se passe très mal ! Les hommes en sont responsables pour beaucoup, car, pour faire tomber une fille, ils procèdent lâchement par harcèlement jusqu'à réussir consciemment ou inconsciemment à réveiller en elle la perversion. La fille s'écroule alors d'un coup, comme un fruit qui chute d'un arbre que l'on secoue. Voilà le "grand" truc des "grands" séducteurs de filles ou, en d'autres termes, l'art d'être très sexuellement suggestif, voire salace, en faisant rire ses futures victimes consentantes. La psychose n'arrange rien, au contraire, elle empire une situation déjà bien compliquée et fâcheuse. Refuser systématiquement de tenir la main à un garçon parce qu'on croit qu'il essaie ainsi d'obliger la fille à coucher avec lui est un tel cas paranoïa ?). La fille croit alors à une tentative d'appropriation, un acte de pouvoir qui vise à sa soumission, qui la dégoûte et qui peut la rendre agressive. Elle n'est pas capable de distinguer un simple geste amical dont le but est de manifester un peu d'affection et de chaleur humaine, comme lorsqu'on lui caresse les cheveux par exemple. La même chose est valable aussi pour les garçons qui refusent de tenir la main à une fille qui ne leur plaît pas. Cela peut être dû également à un manque de maturité. Dans le cas où une fille est persuadée qu'on veut l'amener au lit en la tenant par la main, alors qu'elle-même ne souhaite pas de sentiments inutiles, c'est parce qu'elle veut avoir toujours l'impression que c'est elle qui choisit et qui amène les hommes dans son lit, et pas l'inverse, qu'elle refuse de tenir la main. Elle veut que le passage à l'acte soit spontanné, non prémédité, car le fait d'y penser la destabilise et la rend nerveuse, mais de plus, laisser le garçon y penser c'est prendre le risque de le rendre nerveux et par conséquent très maladroit, s'il manque de maturité, ou de lui laisser croire que tout est acquis d'avance et qu'il n'a donc plus qu'à "se servir" en ne pensant qu'à soi-même et à son propre plaisir, donc il y a toutes les chances que ça ne se passe pas bien du tout. En réalité, ceci met la fille en position extrêmement vulnérable, contrairement à ce qu'elle s'imagine, car pour une personne moyennement intelligente ou même tout juste plus âgée, il est facile de la manipuler pour l'amener de toute façon au lit en lui donnant l'impression que c'est elle-même qui le fait. Or, ce n'est pas la bonne personne pour autant. Il faut rajouter aussi qu'une fille qui ne souhaite pas une histoire amoureuse, mais une simple relation sexuelle, pourrait refuser de tenir la main à un garçon afin de lui éviter de se faire des illusions, car elle saisit les sentiments qu'il y a derrière ce geste, même si c'est de manière un peu exagérée sans doute. Etre persuadée de tomber toujours sur des psychopathes, voire d'être poursuivie ou de soupsonner son mec de mener une vie double est de la même veine. Ce n'est pas que les hommes ne donnent aucune raison d'inquiétude. Ils ne cessent d'embêter les filles et ne se rendent pas compte à quel point elles revendiquent la vengence. Elles se sentent agressées et les statistiques des cas de violences conjugales ne sont pas là pour les rassurer. Mais pourquoi se sont toujours les plus gentils qui doivent tirer les marrons du feu ?

Résumons! La perversion détruit les relations sociales et attarde la formations des familles et, lorsqu'elles sont formées, peut les faire éclater en laissant se développer ainsi des familles monoparentales assez nombreuses. Fort heureusement, la législation française permet aux enfants d'obtenir des pensions alimentaires jusqu'à leur majorité, et au-delà tant qu'ils poursuivent des études supérieures (art. 371-2, art. 373-2-5, du code civil et les jurisprudences afférentes). Le côté négatif en est qu'il se crée un climat de méfiance général qui ne favorise pas la reconstitution des couples et donc cela manque cruellement aux enfants avec des conséquences pour la société qu'il est difficile d'estimer encore. Le comportement agressifs de certains hommes à l'égard des femmes crée une psychose chez une population non négligeable d'entre elles. L'agressivité naît des frustrations, néanmoins le fait que celle-ci est dirigée contre les filles permet d'établir quelques hypothèses concernant l'origine de ces frustrations. Elles sont probablement d'origine sexuelle et ce quelle que soit la culture des hommes frustrés. Ainsi, par exemple, dans une famille arabe, on est élevé dans le respect profond de la mère, une image d'icône qui devient un model pour les petits garçons. Devenus adolescents, ils recherchent inconsciemment ce model chez les filles. Lorsqu'ils constatent le décalage dans la tenue vestimentaire et le comportement des filles, qu'elles soient arabes ou non, ils ont du mal à le cerner et à l'accepter comme normal. Ils peuvent exercer alors un harcèlement moral sur une sœur, s'ils en ont une, afin que les amis ne disent pas du mal d'elle et qu'elle ne leur fasse pas honte devant eux. Pire, ils peuvent aller jusqu'à insulter ou prendre à partie une fille dans la rue à cause de sa tenue qu'ils considèrent comme provoquante. S'il est vrai que la recherche de valorisation à travers son corps est une des raisons principales de l'apparition de la perversion dans le comportement féminin, la recherche d'avilissement de l'image de la femme, par des gens élevés dans un model maternel d'icône ou non, est une cause principale de l'apparition de la perversion chez les garçons. Cette subtilité culturelle qui tend à justifier alors l'agressivité face aux filles qui auraient une tenue ou un comportement provoquants sert à masquer l'origine purement sexuelle des frustrations qui l'engendrent. La culture n'a que très peu d'influence sur l'apparition de la perversion. Cette dernière est, comme nous l'avons déjà signalé, une issue défavorable d'une étape brève, mais critique, du développement intellectuel de chaque individu et met en jeu des processus mentaux beaucoup plus profonds et propres à l'être humain lui-même, quelle que soit sa culture. Un vieil adage dit que les langues des hommes sont différentes, mais leurs cœurs et leurs sentiments sont les mêmes. Si l'on peut dire qu'à l'échelle d'un pays le fait de parler une langue commune aide à ce que tous les gens puissent s'y comprendre, à l'échelle humaine seule la volonté de se comprendre importe, point les mots que l'on utilise. Car, sans cette volonté, les mots acquièrent subitement plusieurs sens dans l'esprit des autres et ne dit-on pas qu'il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ? Cela devient la cause de bien de malentendus lorsqu'une relation commence à s'effriter, car en réalité on n'a plus tellement envie de se mettre à la place de l'autre ni de communiquer vers lui, ce qui est primordial, alors qu'au début d'une relation, nous sommes toujours beaucoup plus ouverts, tolérents et attentionnés, et en conséquence le courant passe miraculeusement mieux. La psychose est donc sans cesse alimentée et entretenue. Elle est un obstacle au même titre que la peur. La peur de l'autre, de l'inconnu, la peur de s'engager, etc. Lorsque les adolescents et les post-ados arrivent à la perversion, ils s'y trouvent piégés par le conditionnement que les médias opèrent. Quand nous disons que le processus est artificiellement allongé et maintenu, cela veut bien dire qu'il y a un retard dans le développement intellectuel et mental de l'individu. La société s'en trouvera radicalement modifiée, car elle s'est toujours basée essentiellement sur la famille et sur des gens qui étaient capables de prendre des responsabilités, jusqu'à maintenant. Or, la perversion se caractérise par la fuite de la responsabilité et elle maintient l'individu dans un état d'immaturité. Le manque de maturité, de son côté, est aussi une cause de l'agressivité tant chez les garçons que chez les filles. Une personne immature est incapable de gérer ses frustrations et cela la rend parfois agressive et quasi-hystérique dans ses paroles, brusque et impulsive dans certains de ses gestes (réactions) et ses décisions, qui peuvent paraître exagérés et complètement inappropriés (même au-delà de 20 ans d'âge). On décèle sans difficulté, lorsqu'on est plus mature, le manque de profondeur dans les réflexions d'une telle personne et une attitude proche de celle d'un(e) adolescent(e) par moments. La perversion n'arrange pas les choses, car elle maintient le sujet dans un comportement rétrograde et, en même temps, elle se nourrit de son impulsivité. C'est un cercle vicieux. A défaut d'être capable d'y renoncer, ce n'est que la baisse de l'activité hormonale qui survient après l'âge de 25 ans qui peut adoucir un peu cette tendence et bien sûr la capacité de l'individu à tirer des leçons de son vécu qui le transforme comme un sculteur qui fait apparaître les formes à partir du bloc de pierre brute.

La volonté joue un rôle décisif dans le déclenchement du comportement pervers, que le sujet soit conscient ou pas du fait qu'il s'agit justement de ce type de comportements. Car en réalité, ce qu'il recherche c'est le plaisir, or celui-ci est beaucoup plus intense dans la perversion. Et pour pouvoir atteindre ce plaisir très intense, il faut créer une polarisation très forte dans sa conscience entre deux états opposés : l'un est celui dans lequel on construit une image idéalisée de soi-même ou d'un autre et le second, celui dans lequel on piétine, on avilit, cette image-là. La jonction de ces deux états dans une situation imaginaire ou réelle apporte le déclenchement de ce plaisir. Cette polarisation de la conscience ne peut être obtenue que par la volonté. Cela prédétermine le statut ambigu d'une personne perverse : le pervers est consentant, dans la mesure où il a choisi volontairement le plaisir intense, mais il est aussi victime, dans la mesure où il ne sait pas qu'il s'agit d'une perversion et/ou qu'elle peut avoir des conséquences graves dans sa vie privée, sociale, ainsi que dans la société en général, à cause de sa nature destructrice. Il a une préférence nette pour les relations libres et peut se montrer très respectueux et courtois dans ses rapports au grand jour. Certains vont jusqu'à préférer le vouvoiement et proscrire le tutoiement, car cela fait partie de la construction de l'image idéalisée de l'autre, alors que l'avilissement a lieu dans l'acte sexuel lui-même où il obligera sa partenaire (car en général ce sont les filles qui jouent ce rôle) à faire des choses un peu déguelasses. Cela prédétermine également le fait qu'il ne pensera qu'à son propre plaisir et que la fille devra se soumettre à lui pour satisfaire à ses fantasmes. Il ne laisse ainsi d'autre choix à sa partenaire que celui d'avoir du plaisir dans la perversion qu'il construit. Toute sa sexualité est basée sur cette perversion et il est extrêmement difficile de lui inculquer l'idée que le plaisir de sa partenaire est tout aussi important, car il ne s'y est jamais préparé (bien souvent faute à des préjugés rétrogrades du genre "La femme est inférieure à l'homme et son rôle est de satisfaire au plaisir masculin") et toutes ses tentatives de se construire un nouveau comportement sexuel, à la demande de sa partenaire, peuvent se révéler vaines. Ces personnes ont des difficultés quasi-chroniques à se restructurer à cause de leur faible culture ou de la perversion qui les maintient dans un comportement arriéré. Dans la plupart des cas, les filles découvrent assez tard que l'homme de leur choix a un projet les concernant qui ne correspond pas tout à fait, voire pas du tout, à leurs propres attentes. C'est la raison pour laquelle une majorité de filles sont déçues suite à leurs premiers rapports sexuels. Elles en sont profondément frustrées, car cette expérience leur laisse l'impression amère que leur propre plaisir n'y a pas trouvé du tout sa place, comme si elles n'y avaient pas le droit, alors qu'elles ont sacrifié quelque chose qui leur était cher. Certaines décident à ce moment de compenser en ne recherchant que le plaisir sexuel dans leurs relations à l'avenir. Comme nous l'avons mentionné plus haut, les frustrations engendrent des tensions intérieures qui peuvent se manifester par une certaine irritabilité, voire de l'agressivité, et pour réduire ces tensions, les filles trouvent souvent un exhutoire dans la sexualité lorsqu'elles ne savent pas comment gérer leurs frustrations. D'autres abdiquent avant même leurs premiers rapports en se disant que pour ne pas être décues elles le feront avec quelqu'un d'expérimenté et juste pour se libérer du poids moral et de la barrière physique de la vertu qu'elles ont entretenue depuis toujours. Dans les deux cas, il s'agit d'une minimisation consciente de l'importance de leur virginité qui a pour résultat un comportement pervers. Aussi bien chez les garçons que chez les filles le comportement peut radicalement changer suite aux premiers rappors sexuels. On parle alors avec plus d'arrogance, plus bruyament, comme si on voulait être au centre d'intérêt de tout le monde, donc la discrétion a disparu, les paroles sont plus éhontées et carrément sexuellement orientées, bref on semble ne plus avoir du tout de retenues. Chez les garçons, c'est dû au fait que l'on s'imagine pouvoir faire le coup avec n'importe quelle fille dorénavant. Ils disent souvent entre eux : ¨Si tu as couché avec une, tu as couché avec toutes.¨ C'est d'autant plus injuste que parmi les filles mêmes il se propage l'idée que l'on ne devient véritablement un homme que lorsqu'on a fait l'amour à une fille, car on gagne ainsi de l'assurance. L'assurance est effectivement importante, cependant il s'agit ici d'arrogance. On peut avoir de l'assurance en gagnant en maturité et pour cela il faut faire l'effort pour évoluer en surmontant sa perversion. Or, ce n'est pas ce type de comportement positif qui est le plus valorisant dans notre société, à cause des fausses valeurs auxquelles les jeunes croient. Chez les filles, c'est un peu plus différent. La fierté vient du fait qu'elles ont surmonté ce que beaucoup croyaient être un problème psychologique insurmontable chez elles, le passage à l'acte. Ce soit-disant problème est plutôt une expression de l'impatience que certains proches ont manifesté à l'égard d'une fille pour la bousculer en espérant que ça leur profitera, il est davantage créé par la pression exercée sur elle par les autres. La fierté est d'autant plus grande que l'étonnement, la perplexité, des amis sont démesurés du fait de la brutalité avec laquelle ils sont mis devant le fait accompli. Parfois, ils n'ont rien vu venir et au moment où ils apprennent l'évennement, l'histoire est déjà finie depuis longtemps, car Brutus n'a pas su manifester le respect qu'on leur devait au lit. Les garçons ont alors l'impression que la fille s'est infligée une automutilation, comme si elle s'était tranché elle-même un doigt avec une cuillère. Et comme elle ne peut pas leur montrer l'endroit de la blessure, elle le montre dans son attitude, comme un petit garçon ou une petite fille qui se vanterait d'une grande plaie pour épater les amis. Aussi bien chez les filles que chez les garçons, ce changement de comportement est dû au choix de la perversion. Les garçons, parce qu'ils veulent croire que toutes les filles leur cèderont désormais, et les filles, parce qu'elles se plaisent à se valoriser par leur activité sexuelle en rupture complète avec leur passé de vierge imprenable. On veut prendre les choses avec davantage de légèreté à ce moment, car on cherche à se déculpabiliser à travers l'humour et l'autodérision. Mais aussi, on veut se donner de l'assurence et l'air de savoir ce qu'on fait, ainsi que de se prévaloir d'une plus grande maturité du fait de sa nouvelle aura. D'ailleurs, les filles qui ont fait ce choix ne feront qu'en rajouter, elles se complairont à briser l'image de vierge inaccessible qu'elles avaient auprès de leurs amis auparavant allant parfois même jusqu'à offrir leur corps contre de l'argent à un inconnu. C'est leur manière un peu sauvage de revendiquer la libération de leur esprit à travers leur corps, à défaut d'y être parvenues autrement, mais également de parer à une situation financière critique et urgente, car souvent instable et toujours à la recherche d'une indépendance. Il faut dire qu'elles sont très fortement influencées par le conditionnement de l'art cinématographique et qu'elles se voient parfois dans la peau de certaines héroïnes du grand écran. Mais cette libération n'est-elle juste une illusion et n'est-ce pas justement le comportement qu'on attend d'elles ? Qui donc ?

Les campagnes de lutte contre les MST (ou IST) ont eu pour effet secondaire (indésirable) très négatif la quasi-institutionnalisation de la perversion dans la société en promouvant le préservatif. D'abord, il faut noter que les institutions qui se sont engagées dans cette lutte ont une forte influence et beaucoup de crédibilité auprès des jeunes. Elles n'ont pas pris toute la mesure de la portée de leur message, quant à l'Eglise, qui a exprimé sa position, elle n'a jamais su persuader les jeunes de son bon sens. Il ne s'agit pas de diaboliser le préservatif. Les hommes l'utilisent depuis des millénaires, mais il n'était réservé essentiellement qu'à une élite et ce n'est qu'avec l'invention des premières matières en latex qu'il se démocratise véritablement. Le préservatif est le symbole même des relations libérées et donc perverses. Nous n'entrerons pas dans des discussions qui aillent dans le sens de l'exploitation par les industriels du latex d'une psychose créée avec l'apparition du SIDA, mais nous nous contenterons d'expliquer comment les campagnes contre la propagation de ce fléau, s'il en est, ont apporté leur touche supplémentaire à un tableau que l'industrie du sexe, les médias et les publicitaires soucieux de la consommation, l'art cinématographique, ont construit dans l'esprit des jeunes qui sont si déboussolés et facilement influençables. Les organisations de prévention et de santé donnent une image positive du préservatif en ce sens qu'il apparaît presque comme un ami, un allié, dont on ne peut pas se passer sous peine de mettre en danger notre vie. Or, ceux parmi les jeunes qui n'ont pas encore eu leurs premiers rapports sexuels voient aussi son côté scabreux : il est le symbole du penchant des adultes pour la luxure et les adultères. Il n'a sûrement pas été créé uniquement pour éviter les maladies vénériennes, mais également et surtout pour empêcher l'ordre naturel des choses - la naissance d'un enfant d'une liaison extraconjugale. C'est la fuite de la responsabilité qui semble être inhérente à l'homme adulte qui est à l'origine de sa conception, or c'est le défaut qui caractérise sans doute le mieux une personne perverse. Et même pire, le préservatif permet à ce titre, outre les rapports pervers dont l'adultère, les rapports incestueux, qui comportent eux-mêmes leur part non négligeable de perversion. Ce n'est pas que rien de tout cela n'a jamais existé auparavant, néanmoins le préservatif a permis de le faciliter grandement et l'ainsi appelée révolution sexuelle du siècle précédent n'est rien d'autre et ne sera considérée par les générations futures autrement que comme une explosion, une conquête, triomphale de la perversion. Est-ce que ceci était inévitable ? Tout porte à croire que d'une manière ou d'une autre nous devions passer par cette étape de l'évolution de notre mentalité. La perversion, tout en étant une déviance, un écart comportemental, est en soi aussi un moment de remise en cause qui, lorsqu'il est traversé dans la réflexion, peut être constructif de l'individu, et par-là de la société, en ce sens que confronté à sa propre déchéance à laquelle la perversion le mène, l'individu pourrait trouver en lui les ressources nécessaires pour réagir en la surmontant. C'est un recul qui permet de mieux avancer, cependant l'erreur consiste à l'avoir déclaré comme une révolution et donc d'avoir fait croire que c'est une évolution, et ce dans sa forme la pire qui soit - le passage à l'acte impulsif et privé de réflexion. Le véritable problème est plutôt dans le fait qu'il a mené ainsi à la soumission des corps, et par-là même de l'esprit, à la logique marchande, au nom de la consommation, et à l'argent, au nom d'une indépendance financière et du plaisir de consommer. Il y a de quoi faire se retourner les hippies dans leurs tombes ! Les jeunes sont au début portés à rigoler lorsqu'on leur parle de l'usage du préservatif justement à cause du décalage entre cette image de ¨sauveur¨ que des représentants d'institutions sérieuses lui donnent et l'image indécente qu'ils en ont. Tôt ou tard, ils en arrivent à se poser sérieusement la question de son usage, car l'amour arrive toujours par surprise. On commence alors à prendre les choses à bras le corps et lorsque les premières déceptions s'en suivent ou même lorsque cela se passe plutôt bien, il ne reste souvent qu'une seule envie, c'est celle de continuer dans la voie où on s'est engagé une fois que les retenues morales sont tombées. Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, la minimisation consciente de la virginité mène au développement d'un comportement pervers. Le préservatif est alors la seule protection et justification morale de ses actes, une sorte de seconde virginité. On se permet de faire des choses qu'on n'aurait jamais acceptées avant parce qu'il y a le préservatif. Les campagnes publicitaires de prévention prennent alors un nouveau sens aux yeux de ceux qui n'ont pas encore eu leurs premiers rapports ou qui n'en sont qu'à leurs débuts, et qui sont encore très facilement influençables. Elles lui donnent une crédibilité, mais également, de manière indirecte, elles banalisent le comportement sexuel et par-là même la liberté sexuelle, donc la perversion. Pourtant, on ne peut pas nier le fait que ces campagnes sont indispensables, car elles prémunissent véritablement contre un comportement sexuel dangereux pour soi et pour les autres, mais uniquement en ce sens qu'elles freinent la propagation des MST et pas la perversion. On comprend bien le fait que ce n'est pas le rôle d'une institution de santé d'exprimer un avis moral sur la nature des relations humaines, pourtant cela ne lui donne pas non plus le droit d'éduquer sexuellement les gens. C'est bel et bien là qu'il y a une grave lacune ! L'Eglise ne peut pas jouer pleinement son rôle à cause de la désaffection des jeunes et du faible crédit qu'ils lui accordent, non sans raison. Néanmoins, les associations et les organismes non-gouvernementaux pourraient le faire en l'associant à leur message de prévention. Que l'on utilise le préservatif ou que l'on évite les rapports pervers, il s'agit bien du comportement humain, alors prévention et éducation (pas uniquement sexuelle !) devraient continuer à marcher ensemble.

Nous n'avons parlé jusqu'ici que des relation perverses entre hommes et femmes, mais elles existent de la même manière dans les rapports homosexuels. Nous avons fait remarquer plus haut que la plupart des filles commencent leurs premiers rapports sexuels par pure perversion, poussées par leur narcissisme et le désir de se valoriser à travers leur corps, ou parce qu'elles acceptent tacitement celle de leur partenaire. Bien souvent, elles s'orientent vers des garçons, car ces derniers correspondent mieux à leur fantasme pervers et ce même si elles ont le pressentiment que ça ne se passera pas bien. Mais il arrive que bon nombre d'entre elles, qui sont déçues de leurs premiers rapports sexuels avec des hommes, se tournent vers des amies pour en discuter et il n'est pas rare qu'il se crée ainsi une complicité entre elles qui aille jusque dans l'intimité. Cela n'est pas dû au hasard et cet exemple est très révélateur de l'existence dans la nature humaine d'une sensibilité qui permet de se mettre à la place de quelqu'un d'autre et d'éprouver véritablement ce qu'il ressent. Certains l'appellent le septième sens et on lui accorde le nom : empathie***. Les hommes, de part leur milieu et les lois implicites qui le gouvernent (cacher ses sentiments), arrivent à l'inhiber. Or, les filles en ont cruellement besoin et de manière inconsciente le recherchent chez les autres. De façon naturelle, elles le trouvent chez d'autres filles et il serait exagéré de conclure à leur homosexualité lorsqu'elles décident de passer à l'acte. Ce dont elles comprennent avoir besoin c'est d'une autre femme, mais qui a le sexe, voire le corps, d'un homme. Elles fantasment d'ailleurs beaucoup sur le fait de posséder un sexe d'homme. Et si un homme était capable de se mettre à leur place comme le ferait une femme ? Cette sensibilité que certains hommes réussissent à conserver à l'encontre des règles qui régissent leur milieu se traduit parfois aussi dans le comportement homosexuel. Cependant le principe de la perversion dans ces rapports reste le même, dans la mesure où on construit toujours une image idéalisée de l'autre et on tend à la détruire dans l'acte sexuel. En régle générale, les pervers s'orientent vers des personnes dont la réputation est plutôt bonne, qui émettent une image très positive d'eux, car ils en ont besoin pour nourrir leurs fantasmes, mais également pour relever leur propre prestige aux yeux de ceux qui les identifient déjà comme tels. Avilir quelqu'un dans l'acte sexuel c'est aussi une manière de détruire son image positive, le faire descendre de son petit nuage et montrer qu'il n'est pas plus différent que soi-même quand on est pervers. Une jeune est belle femme perverse profiterait de l'image positive dont elle bénéficie en société, à cause de son charme qui prédispose les autres à lui faire confiance et à la considérer avec respect, pour prendre du plaisir à mener une vie sexuelle débridée à l'insu de tous. Au fur et à mesure qu'elle remarque le traitement différent dont elle bénéficie en société du fait de sa beauté, elle se met à chercher les différentes manières d'en profiter et elle ne tarde pas à découvrir que cela peut lui permettre de mener pratiquement une vie double : continuer à entretenir une image positive de soi dans son milieu social et prendre son pied à détruire cette image dans sa vie privée. Elle apprend à se servir alors de son apparence pour cacher habilement sa conscience perverse et la réalité pitoyable de sa déchéance. Personne n'oserait à priori penser qu'elle puisse avoir un comportement à l'opposé de l'idée qu'on se fait d'elle de par son apparence et ses manières au grand jour, mais en réalité beaucoup de mecs l'espèrent. C'est d'ailleurs une des raisons principales pour lesquelles ils embêtent autant les filles, surtout les plus jolies. Et l'existence même de filles qui ont succombé aux appels des sirènes de leur propre narcissisme, parce qu'elles sont belles et vénèrent le charme de leur corps, fait que les hommes croient que toutes les filles sont comme elles et cela les amène à harceler moralement celles qui font l'objet de leur intérêt le plus vif, de leur fantasmes, jusqu'à les faire tomber. Tout le monde peut commettre une erreur et s'égarer un peu dans la vie. Heureusement, cette dernière est faite de recommencements et chacun(e) a la chance de corriger ses fautes en prenant conscience de celles-ci et en s'efforçant de commencer une nouvelle vie. La vraie force n'est pas de ne jamais tomber, mais de savoir se relever, si jamais cela arrivait.

Nous n'irons pas jusqu'à affirmer que la perversion dans les rapports homosexuels est plus positive à cause de la complicité que ces gens sont capables de construire. S'il est évident que le septième sens peut apporter énormément à la qualité d'une relation, ignorer ou sous-estimer le rôle destructeur de la perversion dans ses rapports aux autres peut se révéler fatal. En ce sens, l'empathie n'est pas une panacée. Mais nous sommes persuadés que si chacun et chacune faisait l'effort de renoncer à sa perversion et d'éviter les rapports pervers tout en cherchant chez l'autre l'amitié dans le long terme, et chez soi - la responsabilité envers son prochain (qui ne peut naître que de la responsabilité envers soi-même), ainsi que cette sensibilité qui permettra de montrer une compréhension proche de la complicité non seulement au quotidien, mais aussi dans les relations intimes, la société s'en trouverait radicalement changée dans le bon sens. Une nouvelle ère débutera alors pour l'humanité, celle de la pré-sagesse, et nous pouvons être ses créateurs, car le véritable changement ne peut venir que de celui de la mentalité. Il suffirait alors d'y croire et d'avoir le courage de s'y engager.


novembre 2005


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* Nous appelons post-ados les majeurs (18-24ans) qui conservent les attributs de l'adolescence : boutons acnéiques, comportement peu réfléchi par moments.
** Maladie qui n'est pas reconnue comme telle par le sujet, caractérisée par une perte de contact avec le réel et qui affecte la personnalité.
*** Nous rappelons que le sixième sens selon nous est la thermosensibilité, c'est-à-dire la capacité à ressentir la chaleur et le froid à distance, sans contact direct, ce qui est donc dû au rayonnement.